Le jour suivant, j’étais tellement fatiguée que je me suis laissée ne rien faire, à part bien sûr prendre mon petit-déjeuner dans ma boulangerie favorite... Ces croissants, vraiment…
J’ai ensuite pris la décision d’acheter des somnifères pour me remettre dans un rythme de vie vivable, parce que ce n’était plus possible de jouer au zombie longtemps encore. Je me suis quand même forcée à visiter quelques temples de Chiang Mai et ne l’ai pas regretté. Le soir ayant fait fuir les touristes, j’avais les temples presque que pour moi.
Niveau planification, j’étais un peu perdue. Je ne savais toujours pas ce que je ferais le lendemain et hésitais à partir à Pai, encore plus au nord.
Au matin, j’apprends qu’il n’y a plus de place dans l’auberge, et comme je n’ai pas réservé, je dois m’en aller. Très bien, ça me forcera à partir. Chiang Rai ou Pai ? Un message de Mikael à Pai me décide à rejoindre l’équipe que je connais là-bas. J’ai pu bien dormir cette nuit, grâce à mes somnifères, et trouve donc l’énergie de changer de ville. Je trouve un ticket de bus en fin d’après-midi et profite de ma boulangerie pour la dernière fois. Serina ne veut pas aller à Pai, et je lui dis donc au-revoir avec un petit pincement au cœur.
Enfin dans mon bus, et après avoir rencontré plusieurs backpackers à la station de bus, je m’endors pour quelques heures. Je rattrape encore un peu mon sommeil et nous arrivons à Pai à la nuit tombée, après avoir subi une route montagneuse avec bien des virages.
Je marche jusqu’à mon auberge qui est un peu en dehors de la ville et y rencontre Luke et Kristian, respectivement Aussie et Norvégien. Ils se remettent d’une intoxication alimentaire et ne sont pas encore au top. Je décide donc d’aller seule en ville pour manger quelque chose, car je crève la dalle. Je croise deux filles rencontrées à la station de bus et continue ma visite avec elles. Nous passons à côté de Mikael qui mange avec d’autres gars rencontrés en route et nous nous joignons à eux. Après un délicieux repas, nous partons boire une dernière bière au club de jazz. Nuit somnifèrée et donc fort agréable.
Au réveil, Luke et Kristian sont en meilleure forme. Ceux-ci me recommandent chaudement de louer un scooter pour visiter Pai. Je leur explique que malgré mon permis international, je n’ai jamais conduit de scooter. J’avais pleine confiance en la chose avant de rencontrer l’équipe de Chiang Mai, mais ceux-ci semblaient tellement flipper à l’idée que je conduise pour la première fois en Thaïlande - qui plus est, conduire à gauche ! - que j’avais soudain un doute. Luke semble ne pas être d’accord d’avec eux et me montre les bases. Il a tellement confiance qu’il me propose que je les conduisent au seven 11 pour y acheter notre petit-déjeuner. Kristian sur son scooter et Luke et moi sur l’autre, nous voilà partis. C’était peut-être pas la conduite la plus confiante de l’histoire, mais je nous ai ramenés vivants. Facile.
Le comble dans tout ça c’est que je n’ai pas eu besoin de louer un scooter puisque tout le monde en avait un et me laissait les accompagner !
Le lendemain, c’est la dernière journée de Mikael à l’auberge et il nous propose de le joindre pour visiter le pont en bambou. Les autres gars l’ont déjà visité - c’est là qu’ils ont chopé leur intoxication alimentaire - et Jonah (qui est donc aussi là) est encore un peu malade. Mikael et moi partons donc juste les deux voir ce pont au milieu des rizières et menant à un temple à la lisière de la jungle. Il fait archi chaud, mais la visite vaut le coup. Lui a moins confiance en moi et conduit tout du long, ce qui me permet d’admirer les paysages. Nous nous arrêtons ensuite dans un petit café avec des hamacs en hauteur, avec vue sur les rizières.
Après une petite sieste sur nos hamacs, nous rentrons à l’auberge, fatigués. Nous nous disons au revoir et je rejoins Jonah qui a tout aussi faim que moi. Nous partons en ville acheter de quoi manger (et des bières) et rentrons manger à l’auberge avec une italienne rencontrée plus tôt. Luke et Kristian n’ont pas encore mangé et me proposent de les accompagner ; une bonne excuse pour une dernière bière en ville.
Je compte rester encore une nuit à Pai, mais dans une auberge plus proche du centre. Toute cette équipe s’en va de toute manière et nous nous disons au revoir le lendemain matin, alors que je découvre que j’ai de la fièvre et que je suis plutôt mal en point. Je change d’auberge avec peine en passant par une pharmacie et reste la journée couchée en me forçant à sortir une fois pour manger quelque chose et m’acheter plusieurs litres d’eau. Ce n’est pas une intoxication alimentaire, mais qu’est-ce que je perds de l’eau en transpirant ! Je décide qu’il n’y a rien de pire que de tomber malade à l’étranger, tout en ayant ses douleurs de règles en même temps. Le lendemain, je me sens un peu mieux et me bourre de paracétamols pour prendre le bus jusqu’à Chiang Rai. Je trouve un billet pour Chiang Mai, mais ils ne vendent pas les billets pour le reste du trajet. Tant pis, j’essayerai en arrivant.
Après un long trajet qui n’en finissait plus, j’arrive en gare de Chiang Mai. Je cherche un bus pour Chiang Rai, mais tout est full aujourd’hui. La vendeuse me dit toutefois d’attendre, en ajoutant « sit down » d’un ton si autoritaire que je n’ai pas osé demander ce que j’attendais exactement. Il me semblait avoir compris qu’elle pourrait peut-être me trouver une place pour Chiang Rai si quelqu’un se désistait. Après 45’ d’attente, je me dis que je serais vraiment mieux couchée, ma fièvre reprenant. Je lui demande ce qu’il en est. « Sit down ». Elle me dit d’attendre que cinq heures sonnent. Trois minutes plus tard, elle m’appelle « Madam, Madam !! ». Elle me vend un billet et me désigne le bus.
Je ne suis toujours pas sûre de ce qu’il s’est passé, mais peu importe, j’étais dans mon bus pour Chiang Rai. Arrivée à destination, je me force à sortir trouver à manger et me retrouve au Night market à chercher un plat qui ne me dégoûte pas. Seul le mango sticky rice est à la hauteur de cette condition et je m’en fais mon repas, accompagné d’une bière malgré les paracétamols, parce que ça aussi ça ne me dégoûtait pas.
Après une terrible nuit de sommeil dans une auberge qui puait le chien mouillé à tous les étages, et après m’être fait réveillée par des américains qui avaient décidés que s’ils se levaient à 7h, tout le monde devait être réveillé, je décide de prendre une journée de repos. Chiang Rai n’a pas grand chose à offrir à part des temples que je n’ai pas visité - par flemme un peu et par lassitude beaucoup.
Quand le lendemain je n’avais toujours pas mieux dormi à cause des mêmes camarades de dortoirs, j’ai alors décidé de déménager à l’hôtel d’à côté - à 10.- la nuit, la question ne se pose pas longtemps -, de m’offrir un dernier massage thaï, et de prendre le temps pour me balader en ville et déguster un dernier thé thaï. Je passe une nuit reposante pour la première fois depuis un bon moment et suis alors prête pour prendre le bus en direction de Chiang Khong, la ville frontière avec le Laos. Quelle erreur !
Il se trouve que depuis quelques années, le seul moyen de traverser la frontière entre la Thaïlande et le Laos est le “4th friendship bridge” et non le ferry qui lie les deux pays mais qui désormais ne prend à bord que des citoyens thaïlandais ou laotiens. C’est ainsi que je me suis retrouvée dans cette ville désertée du tourisme qui semblait pourtant être un arrêt à backpackers. Pour faire simple, il n’y avait rien. Nombre de restaurants avaient fermés (dû au covid ?) et les auberges de jeunesse promises par internet n’existaient plus. Seul le splendide Mékong tentait de me réserver un accueil chaleureux et c’est donc près de lui qui je suis restée ces petites 24h, à regretter ne pas avoir franchi la frontière le jour-même. Trouver comment se nourrir dans cette ville fantôme s’est avéré être un calvaire et j’ai fini par m’acheter un plat tout fait au 7 eleven pour m’épargner l’excursion “trouver à bouffer” de midi. Le soir, je dormais dans une chambre d’hôtel acceptable et le matin, je me suis empressée de me casser.
Le bus public censé m’amener à la frontière n’existait pas ou plus et j’ai donc du prendre un tuk-tuk pour y arriver. Il me restait 125 bahts et comme chaque retrait d'argent me coûtait 6.-, j’étais déterminée à ne pas dépenser plus. J’ai donc marchandé avec le chauffeur qui ne parlait pas la même langue, mais qui manifestement comprenait mes mimes sophistiqués - je devais lui expliquer que malgré le coût de 120 bahts qu’il me demandait, je ne pouvais lui en offrir que 95, car le bus-frontière que je devais prendre coûtait (selon internet qui a toujours tort) 25 bahts. Il a fini par accepter et m’a amené à destination.
J’avais rencontré la veille un couple qui m’avait dit de me pointer à 6h du matin pour éviter les foules de car arrivant pour traverser la frontière. Je ne me suis évidemment pas levée aussitôt - j’ai un minimum de respect pour mon pauvre sommeil. J’arrivais donc à “l’heure de pointe” et étais très étonnée de ne rencontrer que 3 autres backpackers. Le bus-frontière coûtait 25 bahts sur le panneau, alors que la dame m’en demandait 40. J’ai simplement répliqué que je n’en avais que 25 et elle a tout de suite accepté - va savoir ce qui s’est passé là-encore.
Le no-man’s land traversé, j’arrivais à l’immigration.
En tant que Suisse, le Laos est ouvert sans visa pendant 15 jours, car la Confédération, ai-je appris plus tard, aide financièrement le Laos dans le domaine de l'éducation. Le douanier m'a stämpfé mon passeport et j'ai dû ensuite expliquer cette singularité à la dame des visas qui ne semblait pas connaître de pays qui puisse entrer sans visa au Laos. Quand elle m'a laissé partir, je découvrais ce nouveau pays et cette nouvelle monnaie en prenant un tuk-tuk pour sortir de ce trou. J'allais à la gare routière pour partir tout de suite plus au nord, à Luang Namtha ; au programme, plusieures heures de bus.
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