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Photo du rédacteurLouise Perriard

Heimat oder Heimweh ?

(Article posté avec beaucoup, beaucoup. beaucoup de retard, mais mieux vaut tard que jamais dit-on).


Le train nous déposa à l’heure dans la capitale, nous laissant encore juste le temps de passer au fameux temple. Que dis-je, à l’attraction principale de la capitale ; j’ai nommé, le Thatluang aussi appelé Stupa d’or. Découverte quelque peu décevante quand on sait qu’il s’agit de l’expérience numéro une à faire à Vientiane. Je tente ensuite de trouver un bureau de poste censé être dans le coin, mais il n‘y a que du goudron là où google maps indique un lieu propice à acheter des timbres. Mince.


Le soir, nous dinons dans un chouette restaurant que maman nous a dégoté, tenu par une laotienne et son mari australien. Retour à nos quartiers avec peine, le temple étant fermé la nuit ; nous nous retrouvons à devoir sauter au-dessus des murs du temple pour retrouver notre chemin. Nous ne serons peut-être jamais dignes du nirvana. Le lendemain, je dis au revoir aux parents qui repartent pour Zürich. Je reste encore dans notre chouette hôtel deux nuits supplémentaires avant de m’envoler pour l’Égypte, car j’ai enfin reçu mon visa !





Pour notre dernier petit-déjeuner ensemble, nous avons le plaisir de profiter de l’odeur de chien mouillé de la salle ; que du bonheur. Et puis il est temps de faire nos adieux.


Je me retrouve donc seule et profite de la piscine gelée, ainsi que d’écrire quelques articles de blog, trier des photos et me reposer. L’hôtel m’offre gratuitement le service taxi pour m’emmener au centre-ville ; je ne sais pas vraiment quoi visiter et le type qui « parle anglais » me propose un lieu, j’acquiesce sans savoir à quoi. Il s’avère qu’il s’agissait d’un centre commercial. Je ne suis absolument pas intéressée par le lieu, mais le chauffeur, lui, ne parle pas anglais et j’abandonne vite mes tentatives d’explication. Je décide donc de marcher pour trouver le centre-ville (historique). Une vingtaine de minutes plus tard, je dois me résoudre à l’avouer : il n’y a pas grand-chose à voir dans cette capitale. Le Mékong est cependant là pour me remonter le moral. Mes recherches internet l’avaient prédit, à part quelques temples et du repos, Ventiane n’a pas tant à offrir. Tant pis, j’essaie de trouver un bus pour retourner à l’hôtel. Je trouve un arrêt de bus avec des horaires en qui je ne fais pas confiance. Le temps défile, le bus ne passe pas. Un tuk-tuk s’arrête, il me propose de m’emmener pour un prix tellement déraisonnable que je refuse sans équivoque. Il revient alors, me demande combien je suis prête à payer. Je divise par deux son offre. Il tergiverse et finit par accepter. Sur la route, on passe par « l’arc de Triomphe » laotien. A l’hôtel, je prends un vélo pour trouver un bureau de poste, en espérant que mes recherches seront plus fructueuses que précédemment. En face d’un centre-commercial, je trouve mon bonheur, mais c’est fermé. J’essayerai d’y retourner le lendemain avant de partir pour l’aéroport. Après avoir fait quelques provisions au centre-commercial (avec quelques problèmes de communication résolus grâce à mes talents de mime), j’enfourche à nouveau mon vélo et retourne à l’hôtel.







De retour, je demande à la réception d’écrire « Suisse » et « Autriche » en lao, sur mes cartes postales, afin d’éviter tout malentendu à la poste. Chose faite, je vérifie toujours avec une application de traduction que l’on n’ait pas mélangé mon petit pays avec la Suède, ainsi que l’Autriche avec l’Australie (comme on m’avait déjà fait le coup en Iran). Une fois encore, la Suisse s’est transformée en Suède. Je m’empresse d’effacer.



J’effectue quelques recherches de restaurant pour mon dernier soir en Asie. Je trouve une petite perle et part à pied vers 18h, car au Laos, ils ont des horaires de homes pour manger. Après avoir marché une vingtaine de minutes, traversé plusieurs routes sans passages piétons et survécu à des chauffeurs bien décidés à ne pas s’arrêter, je me retrouve devant mon super restaurant : fermé. Je ne trouve rien pour remplacer ce-dernier et me résous à retourner là où l’hôtel fait son petit-déjeuner ; le resto qui sent le chien mouillé.


Je suis seule et le serveur semble ravit de m’accueillir. Il vient me faire du small-talk et en vient – ne me demandez pas comment – à me demander mon numéro de chambre d’hôtel. Malaise. “It’s a weird question, I’m not gonna answer that” je réponds, non sans avoir envie de me tailler le plus vite possible. Il continue à me faire la discussion comme si de rien n’était. Je ne réponds plus à ses questions. Il part.



Après ma dernière nuit sur le continent, je pars vite à vélo acheter mes timbres pour enfin envoyer mes cartes postales. Le bureau de poste ne vend pas de timbre. Je tombe des nues. Toute déçue, je rentre et plie bagage. Direction l’aéroport où je trouve enfin des timbres, ce qui me permet de poster mes cartes. J’embarque de la capitale pour Bangkok, en Thaïlande. Si j’avais su ce qui m’attendait, j’aurais pris trois cafés le matin même.


L’atterrissage à Bangkok s’est bien passé et j’ai eu droit à une boisson dans l’avion ce qui a eu pour doux effet de me mettre de bonne humeur. Cela n’a pas duré. Arrivée à Bangkok, je passe vite la sécurité au sein de la zone de transit pour faire le check-in sans devoir entrer sur le territoire thaïlandais. Ne trouvant pas le bureau de ma compagnie et n’ayant que deux heures à disposition, je me décide vite à demander de l’aide au guichet d’information (car Bangkok est le sixième aéroport le plus grand d’Asie au regard du nombre de passagers, promis, il y a de quoi se perdre). L’homme que j’ai face à moi me fait savoir que je dois sortir de la zone de transit pour ce check-in là, il me donne le numéro de guichet et l’étage.



J’ai deux heures devant moi, c’est mission impossible ; rien que de passer l’immigration prend plus de temps que ça et je ne suis pas sûre de pouvoir rentrer en Thaïlande sans visa car j’ai déjà « utilisé » mon mois « gratuit ». La panique ne fait que commencer.


Je cours donc à travers l’aéroport, mon petit sac sur le dos. Arrivée à l’immigration, mes craintes se réalisent : la file est juste gigantesque. Je n’ai clairement pas le temps de faire la queue. Ni une ni deux, j’accoste un gilet jaune (pas un Parisien, je n’aurais pas osé déranger l’énergumène). On me dit de demander à un policier. Je hèle une femme en uniforme et tombe bien : elle décide en m’entendant de m’ouvrir un guichet juste pour moi. Je dépasse toute la file sous les yeux plus qu’étonnés des passants et présente mon passeport à la douanière. Elle vérifie mon histoire grâce à mes boarding pass précédents et suivants et me laisse rentrer dans le pays.



Convaincue que je n’ai en fait pas le droit d’être dans le pays sans visa, je stresse de ne pas réussir à prendre l’avion. En effet, la Thaïlande permet aux ressortissants suisses de rentrer trente jours dans leur pays sans visa, sauf que je suis déjà passée par le pays dans les trois semaines dernières. Je ne sais donc pas si la policière m’a fait une fleur ou si cette possibilité de trente jours se renouvelle à chaque fois que l’on quitte le pays.


En fait, je n’ai pas envie de savoir, je veux juste rentrer dans mon avion le plus vite possible.


Je donne tout ce qu’il me reste d’énergie pour courir, saute par-dessus des valises, traverse les halls d’arrivée des bagages et dérange quelques touristes dans ma course. Je suis encore dans les temps, c’est un putain de miracle !


Arrivée au bureau de check-in, je dois m’y prendre à deux fois pour reprendre ma respiration. Dans un souffle, je demande au comptoir mon bording pass en montrant mon passeport. Le mec me calme tout de suite. Il me demande mon visa pour l’Inde. Je l’imagine s’être trompé avec mon visa égyptien, mais il m’assure me demander mon visa indien.



Bien que je fasse une escale par New Delhi, l’Inde n’est clairement pas ma destination. Je le lui explique. Il persiste. Je ne comprends pas ; je n’ai pas de bagage en soute et ma correspondance se fait moins de vingt-quatre heures après mon arrivée, je ne devrais donc pas avoir besoin de visa selon les sites internet officiels. D’ailleurs à l’aller, mon escale à Mumbai n’a dérangé personne. Le type est non seulement stupide, mais en plus désagréable. Il appelle quelqu’un et finit par me confirmer sa décision. Je commence à hausser le ton et lui réexplique que je suis dans mon bon droit, mais qu’en plus il faut vraiment qu’il se dépêche car mon avion part dans moins d’une heure. Le mec refuse encore. Je commence à lui gueuler dessus en lui disant que c’est n’importe quoi, que c’est un scandale, qu’il faut me rembourser etc. Il persiste dans son insolence et son dédain ce qui a pour effet de me mettre encore plus hors de moi. Les gens commencent à se retourner vers moi. Je finis par lui gueuler qu’il va regretter sa décision et que « I’m gonna fucking sue you ». Ça reste à prouver mais rien que le petit regard de doute qu’il m’a renvoyé m’a suffisamment fait plaisir pour me donner l’énergie de chialer un bon coup et de chercher une solution. Après quelques téléphones, je me rends à l’évidence. Il va falloir racheter un billet d’avion.



Les billets d’avion pour le Caire sont devenus hors de prix et je veux vraiement quitter l’Asie pour diverses raisons. Je tergiverse et finis par me rendre au guichet de Thai airllines, seule compagnie aérienne à vendre des billets dans l’aéroport. Comme dans les films, je demande : « vous avez quoi comme vol partant dans les 24h en dehors de l’Asie ? ». Sa réponse, et je ne m’y attendais vraiment pas : « j’ai un vol pour Zürich à minuit ».


Ce n’était pas – mais alors pas du tout – dans mes plans.


Je prends le temps de convertir le prix en Bahts en francs suisses et réalise que le billet ne coûte que 400.- CHF. Ce n’est vraiment rien pour un tel vol, qui plus est direct.



Je ne sais plus quoi faire et suis épuisée. J’avais de toute façon de rentrer dans deux semaines, après l’Egypte. Je décide finalement de rentrer à Zürich, je ‘ai plus la capacité de réfléchir : j’ai perdu mes billets d’avion, me suis fait refuser l’entrée dans ce même avion, je n’ai quasi pas dormi la nuit précédente et j’ai déjà un vol dans les jambes (Vientiane-Bangkok). Essayez, je vous assure qu’il devient difficile de tenir debout après ça.


Je me rachète donc un billet, mais pour la Suisse cette fois. C’est soudain un mélange étrange d’émotions qui me prend. Je suis rassurée de quitter la Thaïlande (où j’ai toujours l’impression d’être illégalement), mais j’appréhende la rentrée et m’en réjouis aussi. Je n’étais pas préparée à rentrer à la maison à ce moment-là, mais je suis convaincue que c’est une bonne chose de rentrer. Et puis, je sais que ça ne durera pas tant que ça, ce n’est qu’une longue escale...



J’attends donc quelques six heures dans le gigantesque aéroport de Bangkok avant d’embarquer à bord de mon avion direct pour le Heimat.


Les douze heures de vol défilent et avant que je n’aie le temps de le réaliser, je me retrouve sur le territoire suisse. Mon passeport rouge n’est plus une rareté, le suisse-allemand se glisse à mes oreilles et – oh stupeur – me ravit. Je souris à redécouvrir ce système qui fonctionne ; les trains, les bus, les horaires. Tout est soudain prévisible. Je vois des publicités pour l’Union Bancaire Suisse et me rend à la Migros. Je suis donc bien à la maison. Je manque l’arrêt cardiaque en revoyant les prix des trains et me rend en ville de Zürich dire bonjour à des copains. Il est encore tôt et le soleil se lève avec moi. A l’Université de Zürich, je bois un café avec Edouard, Alexandre et Amaury avant de suivre Edouard à son cours de droit des sociétés. Qui aurait pu prédire qu’en partant de Vientiane, je me retrouverais 24h après à écouter une professeure de droit des sociétés me parler de « Eintragung im HR » à Zürich ?




Et finalement, Neuchâtel. Cette si belle ville que j’avais quittée quatre mois avant et qui me tendait chaleureusement les bras dans le froid de l’hiver déjà entamé. Je ne le réalisais pas, mais j’étais rentrée. J’étais à la maison.




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Que d'émotions à lire ce post relatant ton retour juste au moment où tu t'apprêtes à repartir...

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