Le lendemain, nous partons pour un trek de deux jours dans la jungle !
Au matin, nous sommes prêtes, sac au dos, à affronter la jungle et ce qui s’y cache. Notre guide vient nous chercher et nous dévoile la première étape du trek : faire des courses au marché ! Nous découvrons alors un nouveau monde culinaire ; des carcasses de poulet suspendues au plafond, certes, mais aussi des frelons à manger, des insectes, des crapauds, des poissons inconnus, des piments, beaucoup de piments, des fruits de toutes les couleurs…
Maman et moi avions souligné à notre guide que nous ne voulions pas de viande, mais que le poisson nous convenait. Notre guide s’est alors dirigé vers des crabes frits entiers qui ne m’inspiraient pas beaucoup. A cela, il a ajouté (beaucoup) de riz, des légumes dont j’ai oublié le nom et des algues séchées de rivière. En dessert, bien sûr, des bananes au sticky rice.
Nos emplettes achetées, nous sommes repartis en direction du départ de notre marche au milieu de nulle part. Notre guide était armé d’une petite machette qu’il portait à la taille, lacée d’une ficelle, il portait de toutes simples baskets et un pantalon qui avait vécu. Mes chaussures de courses feraient donc bien l’affaire.
Nous nous sommes gentiment enfoncés dans la jungle et Tong - notre guide - s’arrêtait de temps en temps pour nous montrer des plantes et nous faire goûter à des fruits. Les pauses étaient fréquentes et la marche tranquille, mais ce n’était pas pour nous déplaire. Nous avons rencontré des chasseurs, ayant dormi dans la jungle sur de simples feuilles de bananiers. Il se cuisaient leur repas sur le feu : des rats. Un repas commun au Laos.
Nous avons rencontrés des mues de serpents, des fruits aux noms imprononçables, de la cardamome, du café, des papillons d’un bleu émerveillant et des bananiers à perte de vue. A tel point que je me suis repris un tronc d’arbre couché sur le chemin en pleine tête, ce qui m’a valu une jolie chute surprise près du ruisseau.
Souvent, notre guide sifflait ce qu'il lui passait par la tête. J'ai reconnu "Baby" de Justin Bieber avec étonnement.
Tong nous a tout à coup demandé si nous aimions la cannelle. Comme nous avions répondu par l'affirmative, il s'est enfoncé dans la jungle. Nous nous attendions à ce qu'il nous amène de l'écorce de la plante de cannelle. Que nenni. Il a fouillé à l'intérieur d'une plante (oui, oui) et en a sorti un insecte. Il s'est approché de nous et nous a demandé de le sentir (l'insecte, pas Tong) ; ça sentait la cannelle ! Il nous a proposé de goûter, mais comme il était encore vivant, nous avons passé notre tour et laissé ce dernier s'envoler. Selon Tong, ça a aussi un goût de cannelle.
Lorsque les estomacs ont commencés à crier famine, nous nous sommes arrêtés près d'un ruisseau. Tong a coupé une feuille de bananier faisant office de table (pas besoin de sets de tables ici). Il a sorti les achats du matin et a béni la nourriture. Le festin pouvait commencer et nos mains seules pouvaient nous aider. Wir haben die Pinze gemacht, comme qu'on dirait en bon allemand.
Vers 15h, nous arrivions vers le village qui nous accueillerait pour la nuit. C’était désert, à part des poules et des coqs, ainsi que beaucoup d’enfants vêtus d’habits tout salis par la poussière mais avec un sourire à tomber. Le village était habité par une ethnie appelée kahmu. Les habitants y parlent un dialecte Lao que notre guide ne comprenait fondamentalement pas. Les maisons étaient on ne peut plus minimalistes, l’électricité absente (sauf les quelques lampes fonctionnant grâce aux panneaux solaires) et l'eau devait être cherchée à la fontaine.
Les villageois étaient aux rizières pour récolter le riz. Nous avons dû attendre leur retour plusieurs heures, au grand dam de maman.
Au bout d'un moment, les villageois sont apparus et nos hôtes nous ont salués. La communication était compliquée puisque seul notre guide parlait anglais. Nous n'étions capables de dire que "Sabadiiiiii" (bonjour) et nous le répétions à qui voulait bien nous croiser ; les enfants du village semblaient se prendre au jeu en se moquant de notre excellent Lao en nous répétant "Sabadiii, Sabadiii" à tout bon de champs.
Notre hôtesse nous a cuisiné notre repas ; de la soupe de poisson, de la soupe à la courge (mais en fait de la courge coupée dans de l'eau chaude), (beaucoup de) riz, et excellente sauce tomate.
Après le repas, notre guide nous a expliqué que les jeunes du village allaient danser pour nous et d'autres touristes qui dormaient chez d'autres gens. Il nous a avoué que ces "danses traditionnelles" ne l'étaient pas vraiment mais que c'était le gouvernement qui venait dans les villages, enseigner ces danses aux jeunes dans le but de montrer cela aux touristes. Les jeunes considéraient donc qu'il mentaient aux touristes et ne mettaient pas beaucoup de volonté dans ce projet. La nuit tombée, on nous a fait asseoir devant un feu et les enfants du village sont arrivés en habits traditionnels et ont commencés à danser sur de la musique. Du tourisme comme désiré par le gouvernement. Les enfants nous ont fait danser avec eux et nous avons sommes toute passé un chouette moment, malgré la comédie qu'était ce spectacle de danse.
Nous nous sommes ensuite mises au lit ; un fin matelas posé au sol (mais avec une moustiquaire !) et nous sommes réveillées avec les poules (littéralement).
Avant de repartir dans la jungle, nous avons pu voir comment les familles qui n'ont pas les moyens d'acheter un appareil pour décortiquer le riz, le décortiquent manuellement au pilon. Nous avons ensuite pu voir comment les chasseurs chassent (sur une cible), avec une sorte de petite arbalète et avec des flèches en bois. Nous avons aussi pu essayer. Ils chassent des rats et des cochons sauvages.
Nous avons ensuite quitté le village, accompagnées de Tong et d'un autre homme ne parlant pas anglais - il n'était pas très clair de ce qu'il faisait avec nous, mais il était là. Il nous a quitté à mi-chemin, nous laissant notre repas. Nous avons encore marché un moment avant de s'arrêter manger. Nous étions apparemment trop rapides pour le programme de Tong et ça semblait le désoler.
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