J’avais réussi à trouver un bus à destination de Luang Namtha. M’étant probablement fait avoir de 10’000 Kip, j’étais tout de même épatée du prix qui était le même que les 2 km de tuk-tuk pris depuis la frontière. J’allais être dans ce bus pendant cinq heures. Je crois que je peux dire que c’était le pire bus que j’ai pris de ces quatre derniers mois et de ma petite vie. Tout a commencé alors que j’étais la dernière à m’installer. La seule place disponible était à l’arrière. Je pensais que le ronronnement du moteur annonçait notre départ. Que nenni. Nous nous sommes arrêtés plus loin pendant 30 minutes à attendre que le chauffeur veuille bien déplacer les bagages sur le toit du bus, pour une raison que j’ignore. Quand nous sommes finalement partis, j’ai réalisé ce que c’était que voyager en bus au Laos, qui plus est à l’arrière du véhicule : un calvaire. Les trous dans la route faisaient que notre carrosse secouait dans tous les sens et l’absence de ceinture me faisait taper ma tête contre le toit. Des bosses à ne plus en finir, sur la route et sur mon crâne. Je me pose la question suivante : les Laotiens ne se tapent pas parce qu’ils sont petits ? Ou bien les laotiens sont petits parce qu’ils se tapaient la tête contre le bus ?
A mi-chemin (qui était déjà bien long), le chauffeur s’arrête près d’un restaurant en bord de route dans la campagne. Je crois comprendre que j’ai le temps de manger et surveille deux autres types du bus qui font de même. Quand je les vois finir, je me presse de rejoindre le bus, à raison, on repart.
On conduit enfin à droite dans ce pays. Par contre qu’est-ce que ça fait mal au dos de voyager par la route… En milieu d’après-midi, j’arrive à Luang Namtha, tout au nord du Laos, près de la frontière chinoise. J’essaie de trouver une carte SIM. La vendeuse de ce que j’appellerai un bazaar ne fait aucun effort pour comprendre mes mimes - pourtant bien rodés. Ça m’énerve et j’abandonne. J’essaie au shop suivant, c’est pas beaucoup mieux mais elle me sort une carte SIM et un bon pour la recharger. J’achète. En fait, j’ai perdu en Thaïlande mon téléphone que j’utilisais comme partage de connexion et je dois utiliser mon téléphone Suisse. Impossible de l’ouvrir. Je n’ai donc pas internet et je sais pas comment aller à l’hôtel. Je demande avec beaucoup d’efforts à une dame du bus de me prêter son Google maps. Quelle aventure de se faire comprendre dans ce pays, on dirait que même la langue des mimes est différente ! Je réalise alors que l’hôtel est loin, trouve un taxi, négocie , arrive à destination, ne trouve personne, attends, salue mon hôtesse, apprécie le calme d’une chambre d’hôtel.
Vers 20h, je réalise que je n’ai toujours pas mangé. En Asie du Sud-Est, c’est déjà bien tard. Je recherche désespérément un restaurant, mais il n’y a rien. Luang Namtha est une ville, mais il serait plus correct de l’appeler agglomération de villages. Je suis dans l’un d’eux et la nourriture y est apparement rare. Je finis par me replier sur le night market. Tout est sale, il n’y a que de la viande. Rien à voir avec le night market thaïlandais. Ça me dégoûte, il y a des odeurs désagréables et beaucoup d’insectes à déguster. C’est la fin du night market, le choix se raréfie. Je me rabats sur des noodles. Je crois me faire comprendre mais découvre que je devrai manger des noodles sans soupe et froids. Pas terrible. Je peine à me forcer à finir et n’ose pas dire à la cuisinière que je m’en veux plus. Je lui demande alors un doggy bag. Quand elle reprend mon bol, elle le passe dans un sceau d’eau et l’essuie avec un chiffon noir et déchiré. Je suis au bord de la crise cardiaque. Je tente de trouver quelque chose à me mettre sous la dent, trouve des crêpes en street food, me trouve déçue de ce papier à manger au chocolat. Un type, la cinquantaine, vient me causer dans la rue ; il veut que je rejoigne ses potes autour d’une bière. Je suis pas très à l’aise avec cette idée et refuse poliment. Il a du mal à accepter ce non mais fini par plier bagage.
Quand je demande s’il y a un seven 11 où trouver de quoi satisfaire ma faim, on me rit au nez : “le Laos c’est pas la Thaïlande, c’est pas moderne ici ! Tu trouveras pas de supermarché ici”. Ma seule interaction avec un laotien qui parle un anglais relativement correct aura donc été une jolie moquerie bien méritée.
Bref, Luang Namtha ne sera pas une belle découverte gustative, mais peu importe. Demain, maman me rejoint ici ! Je suis toute excitée à l’idée de la retrouver.
Au matin, je prends un petit-déjeuner incroyable (un pancake à l’ananas, qui pour le coup était une vraie belle découverte culinaire).
En fin de matinée, maman arrive. De belles retrouvailles avec le coin des yeux mouillés. Comme c’est chouette de passer quelques jours les deux, puis à trois avec papa !
On passe une après-midi tranquille pour permettre à maman de se remettre de son long voyage. En se baladant, maman voit un panneau signifiant un magasin de thé. Nous nous approchons bien sûr. Pas de vente de thé ici, mais deux hommes nous accueillent sur le proche de leur maison et nous proposent de goûter à leur thé Phongsaly. Ils sont chinois et le simple fait que maman connaisse le terme de Pu erh leur mettait des étoiles dans les yeux. Ils lui ont même offert un peu de thé lorsque l'on a pris congé d'eux.
A l’heure venue, on se met à rechercher de quoi manger. Je l’ai prévenue, la chasse va être compliquée. On ne voit évidemment aucun restaurant ouvert, et nous nous tournons donc naturellement vers le night market. Il est plus tôt que la veille et la perspective de manger quelque chose de ragoûtant semble plus probable. L’offre est plus vaste et on se trouve - en tant que bonnes végétariennes, car croyez le ou non, mais je tiens toujours mon régime sans viande - un riz à l’œuf et aux légumes… et du mango sticky rice bien sûr !
Le lendemain, on part à l’assaut d’une cascade après avoir loué des vélos. La cascade est fermée mais on se fait une très jolie balade à vélo en découvrant la campagne nordique laotienne. On pose nos vélos pour marcher sur un petits chemins entre rizières et arbres à caoutchouc récoltant le précieux liquide. Il fait bien chaud la journée, ce qui contraste énormément avec la veille au soir où on se les gelaient vraiment.
On se boit un verre et rentrons nous reposer. Le lendemain, nous partons pour un trek de deux jours dans la jungle !
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