Avec Savannah, on trouve un bus tout de suite qui nous emmène à Copacabana (pas la plage du Brésil hein, la petite ville au bord du lac Titicaca !). En route, on doit descendre du bus pour prendre un petit bateau tandis que le bus monte sur une sorte d’énorme radeau à moteur pour traverser un bout du lac. De l’autre côté, nous remontons à bord et finissons par arriver à Copacabana. Dans le bus, on fait la rencontre de Tamara, une Suissesse !
Savannah et moi prenons quartier dans un petit hôtel pas cher et on part se balader dans la ville. On se boit une limonade face au fameux Lac Titicaca : le bonheur. Je me retrouve immergée dans le jeu vidéo Sethi chez les Incas.
Pour le coucher de soleil, on se motive à gravir le mont Calvario qui porte bien son nom. En effet, nous sommes à 4000m d’altitude et la montée est rude, alors même que je suis acclimatée (enfin !). Nous faisons donc cette jolie montée sur des marchés de pierres au fil du chemin de Croix de Jesus (14 Croix !). Au sommet, une vue à couper le souffle (mais c’est peut-être à cause de l’altitude) et un magnifique coucher de soleil. Tamara nous rejoint et on redescend les trois en vue de se trouver une truite du lac à déguster.
Au bord du lac, je reconnais la silhouette de deux cyclistes que je connais bien. C’est Blanka et Matji ! Je fais les présentations et nous allons tous les cinq manger notre truite bien méritée accompagnée d’un cocktail, parce que pourquoi pas ! Je dis définitivement au revoir à Blanka et Matji qui vont passer la frontière avec le Pérou le lendemain et on file se coucher avec Savannah.
Le lendemain, je pars seule à la recherche d’un bateau pour l’Isla del Sol (l’île du soleil). Savannah veut se reposer un peu à Copacabana. Je me trouve un bateau qui rejoint le côté nord de l’île, légèrement moins touristique que son voisin sud. Je me sens pas très bien du ventre (première fois !) mais me mets quand même en route pour la balade qui rejoins le nord au sud de l’île. Le paysage est grandiose et me rappelle le lac de Neuchâtel avec les Alpes en face. Je rencontre une dame qui porte le sac coloré traditionnel dans lequel elle porte des morceaux de ferraille qui semblent très lourd. On discute un peu et elle me lance un « buena suerte » après m’avoir dit au revoir. J’en reviens pas ; elle me souhaite bonne chance pour ma petite balade de deux heures alors qu’elle porte un poids inimaginable sur le dos !
Je continue ma balade à un rythme plutôt lent, pour ménager mon ventre. Je croise cochons et moutons ainsi que pêcheurs et locaux affairés. C’est magnifique.
Au milieu de la balade, je passe par ce qui semble être la place d’un tout petit village. J’ai l’impression que tous les habitants de l’île y sont rassemblés. Ça ressemble à un conseil de village. Tout le monde est très sérieux et on ne répond pas à mes « holà! ». Je continue vite mon chemin.
J’imagine les discussions même si j’en ai aucune idée de ce qu’il se dit puisqu’ils parlent tous en Aymara, une langue indigène. Pendant plusieurs années, l’île a été coupée en deux à cause de grosses tensions entre le nord et le sud du village. Peut-être est-ce un conseil regroupant les deux groupes ? Peu importe, je continue ma route. J’arrive finalement du côté sud de l’île et suis contente de lâcher mon gros sac à dos. Je n’ai quasi plus de liquide (je ne peux que retirer de l’argent avec Western Union et ça se trouve pas sur l’île, y’a pas d’ATM dans tous les cas). Je trouve par miracle un restaurant ouvert et qui accepte les cartes de crédit (une rareté). Je m’offre une bonne soupe et un thé et discute avec l’adorable tenancière. Je pensais reprendre un bateau en fin d’après-midi pour rejoindre Copacabana, mais je découvre que mon hôte a deux chambres d’hôtel. Je peux aussi payer par carte et sans même jeter un œil à la chambre, accepte avec plaisir. Quand j’ouvre la porte, je tombe des nues : c’est la chambre la plus luxueuse de mon voyage en Amérique du Sud et de très loin. J’ai une baie vitrée qui donne en plein sur le lac Titicaca et le coucher de soleil. Incroyable.
Le soir, je retourne au restaurant pour souper et la dueña m’apprend qu’un autre Suisse séjourne en face et qu’il vient souvent manger chez elle. Qui apparaît alors ? Patrick, un genevois en voyage ! On discute toute la soirée et on se donne rendez-vous le lendemain pour prendre le bateau ensemble afin de retourner sur Copacabana. La trajet en bateau dure une fois encore deux heures, mais les paysages font oublier le temps. De retour à Copacabana, je dis au revoir à Patrick qui prend le bus pour le Pérou, tandis que je retourne à La Paz pour une nuit avant de filer au chaud dans l’Amazonie bolivienne. A la Paz, je m’offre un repas de gringa dans un resto pour gringos. A la table d’à côté, un allemand avec qui je commence à discuter. Chaque fois que je pense me retrouver seule, je ne le suis jamais vraiment, à mon plus grand plaisir. J’avais oublié comme c’était facile de rencontrer des gens en sac à dos ! A vélo… c’est différent. Je profite donc de l’absence d’Alba cette semaine pour recharger mes batteries sociales. L’allemand s’appelle Tammo et on se donne rendez-vous le lendemain pour diner et regarder le cortège du Gran Poser carnaval. En effet, La Paz se mettra le lendemain sur son 31 pour ce carnaval qui est le plus grand de Bolivie ! Quelle chance d’être dans la capitale à ce moment-là !
Le matin, je me dépêche d’aller acheter un billet de bus pour le soir-même. J’ai réservé un tour guidé dans la jungle et la pampa et c’est à 13h de bus de la Paz. Le bus passe par la désormais bien connue « route de la mort », réputée, comme son nom l’indique, pour ses nombreux accidents de la route mortels. Chouette. Pas de quoi trop s’alarmer tout de même puisque l’authentique route de la mort n’est plus qu’utilisée pour le tourisme et qu’une nouvelle route, goudronnée qui plus est, à été construite à côté. Barrières devant le précipice, s’il vous plait. Cette nouvelle route a tout de même gardé son doux surnom puisque les accidents continuent, malgré la notable amélioration de sécurité en comparaison de la route de la mort initiale.
Bref. Me voilà au terminal de bus à destination de Rurrenabaque. Je me fais tout de suite alpaguer et, comme le prix est vraiment très honnête, j’accepte tout de suite. J’ai donc un billet de bus avec la compagnie « Trans Rurre ». Mais voilà que je réalise que l’on m’a recommandé deux autres compagnies de bus, compagnies réputées plus fiables (moins d’accidents, bus en meilleur états, chauffeurs sobres (oui, c’est un vrai problème en Bolivie)). Argh. Je demande à mon pote google maps (vous vous souvenez de Georges ?) ce qu’il en pense. La sentence tombe : 2 étoiles sur 5. C’est pas glorieux. Attaché à un commentaire, une photo me montre l’état d’un bus de la compagnie. Sous le siège du chauffeur, tous les fils du véhicules ressortent et sont emmêlés. Dire que ça m’a fait paniquer est un bien grand mot, mais j’étais clairement pas rassurée. Et c’est pas les histoires des autres touristes qui m’on aidée à moins appréhender le trajet…
Retour au centre-ville pour manger avec Tammo. On se mêle ensuite à la foule du Gran Poder et achetons nos places assises pour admirer le cortège (un cortège qui dure quand même du matin au soir sans interruption). Cette célebration, inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO. « Chaque année, plus de 30 000 danseurs représentant les quartiers et les groupes folkloriques de La Paz dansent le long d'un parcours de six kilomètres dans les rues de la ville, mettant en valeur la richesse et la diversité de la culture bolivienne » nous apprend le site de l’ONU. CA promet. Toute la ville est à l’arrêt pour faire la fête (traverser la rue demande beaucoup de patience, trouver un western union est une galère). Quelle meilleure excuse qu’une fête catholique pour faire la fête et boire à outrance ? Les boliviens vous diraient qu’il n’y a pas mieux que le Gran Poder. Danseuses et danseurs portent tous leurs plus beaux costumes traditionnels (pour la plupart, portés aussi quotidiennement par une certaine partie de la population) agrémentés de masque et accompagnés d’une cerveza dans la main ou d’un alcool plus fort (certains n’hésitent pas à boire de l’alcool à 96%). La tradition veut qu’avant la première gorgée, un peu d’alcool soit versé au sol afin e recevoir la bénédiction de la Pachamama (je parle bien de ce pays à tradition majoritairement catholique, oui, oui).
On en prend plein les yeux face à ce cortège coloré, dansant et très bruyant. Je ne m’attendais vraiment pas à ça. Quelle chance d’être là pour ce jour si spécial ! Immersion culturelle garantie.
Après plusieurs heures, nous quittons ce spectacle qui continuera sans nous, car bien fatigués. Ca tombe bien, j’ai mon bus de nuit qui m’attend en direction des Yungas, ces montagnes du nord de la Bolivie. En perspective, une perte de plus de 4000m d’altitude… En effet, le bus passe par un col à 4600m tandis que l’arrivée à Rurre nous fait tomber à 200m d’altitude.
J’attends un peu anxieuse la route de la mort et découvre que, mis à part des freins qui peinent un peu, mon bus est tout à fait safe. La route est clairement sur-côtée niveau peur et c’est en fait une route tout à fait normale. En arrivant, j’attendais encore le moment qui me ferait peur. A part quelques dépassements - vraiment - très osés, rien de fou sous les tropiques. La pleine lune avec le brouillard éclairant les Yungas, par contre, était magnifique. La descente dans la jungle depuis La Paz perchée entre 3700 et 4000m d’altitude, une expérience assez folle. Le changement de température est radical : on transpire sous les tropiques. J’ai pris 20 degrés d’un coup.
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Quelle lumière au coucher du soleil! On ne s’en lasse pas!
j’aime bien la référence à Sethi et au lac de Neuchâtel 😉
Incroyable comme toujours !!