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Photo du rédacteurLouise Perriard

Sucre et retour en Argentine

Arrivées à Sucre - capitale constitutionnelle de la Bolivie -, Jeanne et moi paniquons un peu car toutes les auberges semblent remplies et l’on n’a bien sûr rien réservé. Au terminal de bus, une dame nous alpague et nous vante les mérites de ses chambres d’hôtels. Nous négocions un prix avec petit-déjeuner et la suivons. On fait voler Alba sur le toit d’un taxi et déposons nos affaires à l’hôtel cadena. C’est tout à fait correct et nous sommes très contentes. Petite sieste pour se remettre de notre très petite nuit et on se lance à l’assaut de la belle Sucre en commençant par un café. La ville est tranquille et très propre : rien à voir avec La Paz. On se balade dans les rues et visitons l’Eglise San Felipe Neri, un ancien couvent transformé en école. Nous passons par la place du 25 mayo et admirons les bâtiments touts blancs d’architecture coloniale. Nous profitons de tester les différents cafés de la ville et Jeanne découvre une petite boutique tenue par une expatriée française. Nous discutons des heures avec elles, elle nous explique les différents types de tissus tissés, leurs significations s’il y en a et leurs origines. Nous lui achetons la moitié de son magasin et Jeanne repart avec un grand tissu seconde main, tissé main et tout coloré (issu des traditions indigènes Jaqi).























Comme une bande-dessinée, ce tissus raconte un mariage et ses danses puriai


On s’offre un souper-spectacle le soir, pour admirer les différentes danses traditionnelles (puriai) de toutes les régions du pays. Le centre culturel origin organise ce type d’évènements presque tous les soirs, pour satisfaire les curieux touristes et locaux. Chouette soirée accompagnées de vin, qui s’est prolongée à Culture Berlin, l’hostel-boîte de la ville. Bien contentes de pas y dormir vu le bruit. On y a rencontré un petit groupe de francophones. Première fois de ma vie que je vais dans une boîte où les gens savent à peu près danser - ah, l’Amérique du Sud !







Le matin, réveil tôt pour prendre un collectivo (bus qui partent une fois remplis, comme les dolmush ou marshrutka !) en direction d’un petit village où a lieu le marché. Nous roulons plus d’une heure et arrivons dans un touuuut petit pueblo. On se fait drôlement dévisagées dans le marché. Il faut dire qu’il n’y a pas beaucoup de grignon dans les environs. Pas des plus agréable de se faire remarquer comme ça. Je demande à une dame si je peux la prendre ne photo, elle tente de me taper avec la carotte qu’elle a dans la main. Un non aurait suffit. On évite de manger au marché (histoire de touristes attrapées dans ce marché entendues et ré entendues), nous trouvons un petit cake pas bon, visitons les boutiques de souvenirs-artisanats et trouvons un resto pour grignon (et donc moins dangereux pour notre ventre, un peu plus pour le porte-monnaie). On y croise tous les français en visite du coin et le gars qui tient le restaurant fait l’éloge de la beauté des françaises. Retour à Sucre pour une petite pause.













On fait tout tranquille le soir et Jeanne s’en va le lendemain pour le Sud Lipez. je m’en vais découvrir le marché central et diner dans un très bon restaurant avec une cuisine italienne à tomber. Ah que la nourriture européenne me manque… Je continue ma journée avec des petits téléphones par-ci par là et franchis les portes du musée du Trésor. Visite guidée obligatoire ; ça tombe bien, il y a un guide expatrié français qui s’appelle David. Comme je suis la seule francophone à ce moment-là, j’ai droit à une visite privée ! David commence par me raconter l’histoire du bâtiment du musée à l’architecture coloniale et aux cours intérieures charmantes. Nous continuons la visite dans différentes salles dédiées à des métaux et pierres précieuses ou semi-précieuses différents. Il me parle des mines de la régions, des bijoux fabriqués, de comment les pierres se forment. Il est passionné et passionnant. Il me raconte les secrets du musée et me fait découvrir la bolivianite, cette pierre semi-précieuse récemment découverte en Bolivie et actuellement uniquement présente dans une mine bolivienne très proche de la frontière brésilienne, dans la région tropicale. Son nom est en fait Amétrine et c’est un mélange d’améthyste et de citrine jaune. David m’explique que pour ces deux pierres, les conditions de création sont exactement les même, à une différence près, la température. Selon la température qu’il fait, une améthyste se forme, ou de la citrine jaune. Ce qui est fascinant avec la bolivianite, c’est qu’il a fallut des conditions très spéciales pour que le très chaud forme l’une des pierres, mais que lors du moment crucial de cristallisation, il ait fait soudainement froid et que l’aitre moitié n’ait pas pu se transformer en cette même pierre. Un petit miracle de la nature.





Après cette visite géniale, je monte tout en haut de la ville, pour admirer le coucher de soleil depuis la Recoleta. Manque de bol, c’est aussi la fête de l’école et y’a un boucan pas possible.












Le lendemain, j’ai la journée à occuper avant de prendre le bus pour la frontière argentine. Je vais m’acheter un billet de bus au terminal et préparer le terrain pour le vélo dans le bus. ça ne semble pas poser problème, on verra sur le moment. Je redécouvre les cafés de la ville et profite du temps qui me reste pour visiter la casa de la Libertad, le musée dédié à l’indépendance de la Bolivie. La guide est hispanophone et parle teeeeellement vite que je décroche tout aussi vite. Le musée n’est pas bien intéressant sans les explications, mais je rencontre une française et un français solos et on décide d’aller boire un verre ensemble après la visite. Romain invite aussi ses potes qui n’étaient pas au musée et on se retrouve tout un petit groupe entre pizzas et cocas. On a tous un bus le soir et on se dit au revoir, chacun partant dans une direction différente.




Le bus m’emmène à Villazon, frontière Bolivie-Argentine. Je planifie de reprendre le vélo à partir de là pour redescendre à Salta puis Cafayate et surtout enfin quitter l’Altiplano qui me rend nauséeuse et m’offre de jolies céphalées. Le bus n’est pas chauffé mais congelé et la dame très imposante assise à côté de moi (ainsi que ses quatre ou cinq couvertures) prend pitié de moi et me tend la plus fine. Merci à elle, pas sure que mes membres auraient survécus sans gelures. Je suis tellement gelée que je ne ferme pas l’oeil de la nuit et arrive à VIllazon à sept heures du matin, frigorifiée, épuisée et pas de très bonne humeur. Heureusement, la partie « faire rentrer Alba dans le bus » était facile. En sortant du bus, il fait encore plus froid. Coup d’oeil sur la météo pour découvrir qu’il y fait -9 degrés. Je suis donc convaincue qu’il ne faisait pas pus que zéro dans le bus, la différence n’étant pas telle entre les deux environnements. Je suis congelée et n’arrive pas à me réchauffer. Je mets avec difficulté toutes mes couches retrouvées (elles étaient bien au frais dans la soute du bus), n’arrivant plus à bouger à cause du froid. Il est trop tôt pour que des bistros soient ouverts et de toute façon, c’est un pueblo très pauvre donc je ne suis pas sure de trouver un vrai café chauffé. Une dame vend du thé et du pain dans un endroit pas chauffais intérieur. e tente de m’y réchauffer, sans succès. Je me décide à franchir la frontière à vélo, mais à reprendre un bus de l’autre côté. Impossible pour moi de pédaler à moins neuf. Je me mets sur le vélo, échappe aux chiens errants agressifs et arrive à la frontière. Je découvre qu’il y a un petit passage (une sorte de zone de libre-échange ?) utilisé par des hommes en uniformes et poussant en courant des charrettes remplies de marchandise. Je ne vous parle pas des conditions de travail de ces hommes…


Je passe la frontière sans trop de problème et en claquant des dents. J’ai officiellement quitté la Bolivie, ce pays du contraste, des paysages merveilleux, de la coca, des langues multiples, du chaud et du froid, de l’altiplano et de la basse altitude, de lacs, de capitales multiples, de traditions, de danses et de musiques, ce pays merveilleux.



A peine je franchis la frontière que je redécouvre l’hospitalité argentine, ses sourires et ses curieux. On me klaxonne et on me sourit. ça fait du bien. Adieu la timidité bolivienne, bonjour l’Argentine !


Je trouve la station de bus et enfile Alba sans trop de problème dans le bus qui descend à Humahuaca, juste en dessous de 3000m. Je quitte enfin les -9 et les 3460m d’altitude ainsi que le mal de tête qui y est lié. On fait plusieurs arrêts et un policier monte à l’un d’eux. Les argentins semblent très sérieux avec l’immigration à ce passage de frontière. Il fouille un peu les sacs (à la recherche de cocaïne ?) et s’attarde longtemps sur un jeune papa. Il le harcèle de questions, semble trouver que le jeune lui ment et ouvre carrément le porte-monnaie du gars pour savoir s’il transporte des bolivianos. Il trouve hyper suspect que le mec ait autant d’argent avec mais finit par le laisser-passer. Comme l’impression qu’il est passé entre les gouttes…Il s’attarde vachement moins sur mon passeport et se satisfait de « turismo » quand il me demande ce que je fous là, dans ce bus remplis de boliviens et d’argentins.


Après plusieurs heures de bus, j’atterris enfin à Humahuaca où je passerai une nuit dans un petit camping tenu par un charmant couple. Le soleil est réapparut et ça fait du bien. Il a fait tellement froid la nuit que les canalisations des maisons ont gelées. « Que frio ! » me dit…tout le monde.


En fin d’après-midi, je partage un 4x4 avec trois argentins en vacances ici pour monter en haut de la splendide montagne aux 14 couleurs (Hornocal). Je monte à plus de 4000m d’altitude et suis bien contente de ne pas l’avoir fait à vélo. J’y rencontre bien sur des français. Séance photo dans un froid glacial, mais avec une vue merveilleuse. Tortilla du coi avant d’aller dormir (sans pouvoir fermer la tente puisqu’elle est toujours cassée, ça tombe bien, il n’annonce que -5 demain matin). La dame du camping a trop peur pour moi et me prête deux énormes couvertures. Je n’aurai pas froid une seule seconde.









Bonhomme Michelin coucou

Le lendemain, c’est sandwich au fromage (étonnamment bon, ça fait du bien après le fromage bolivien) et départ à vélo !

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2 Comments


C'est fou ces différences de part et d'autre d'une frontière... Vivement le prochain épisode de Loucheenrouelibre!

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Yves Perriard
Yves Perriard
Jun 24, 2023

Splendide comme toujours et quel bonheur de voyager avec toi !

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