Passer 14h dans un bus pour arriver au milieu de nulle part, c'est fait. Trouver un dolmush n'est pas chose aisée, il est tôt mais c'est pas comme si on avait dormi dans le bus. Un peu l'impression de faire un walk of shame, mais sans la gueule de bois.
Un kilomètre plus loin, on trouve un dolmush qui va à la frontière et on attend qu'il se remplisse. Une fois parti, celui-ci sillonne les derniers kilomètres turcs, dépassant une colonne de camions de plusieurs kilomètres aux plaques d'ici et d'ailleurs. La frontière géorgienne n'intéresse pas que nous. Le bus s'arrête devant l'entrée dans un grand bâtiment qui a des airs d'aéroport déserté. Les piétons ne doivent au moins pas faire la même file que les chauffeurs, ouf.
Pas besoin de visa à priori, mais le doute s'installe quand on voit les turcs faire la file pour le précieux sésame. Bon, on verra bien si ça passe sans.
Premiers douaniers à passer : les turcs. Autour de nous, les gens transportent des jerricanes d'huile de tournesol et des sacs en plastiques remplis de fromage. Premier indice du coût de la vie en Géorgie, on aurait pu y prêter plus attention.
Les douaniers sont souriants, étonnés de voir une suisse, le stämpf se fait facilement. Reste les douaniers géorgiens à affronter. C'est une autre file qui nous attend. Une famille russe change de queue pour se mettre devant nous, ça énerve passablement une dame derrière moi qui se met à hurler au scandale. Les russes restent stoïques, ne bougent pas, haussent les épaules. Ils passeront avant tout le monde, lançant des regards noirs derrière eux. Soit.
Je tends mon passeport à la douanière. Elle en regarde chaque page minutieusement, sans rien louper. Facile, il est vide excepté le tampon turc. Elle cherche quelque chose qu'elle ne trouve apparemment pas puisqu'elle dépose mon autorisation d'entrée sur le tampon de sortie turc. Première fois qu'elle voyait un passeport suisse ? ça parait étonnant, mais peut-être.
Maintenant, il nous faut trouver un bus pour rejoindre Batumi à quelques kilomètres de là. Un homme nous alpague rendant la chose facile et nous montons à bord des dolmush d'ici, les Marshrutkas. Même concept, même conduite, même ambiance.
Quoique j'ai l'impression que les gens roulent plus prudemment ici qu'en Turquie.
Update : Je sais aujourd'hui qu'il ne s'agissait que d'une impression, une façade, un coup monté ou que sais-je. Je ne connais moins prudents conducteurs que les géorgiens.
On sort au milieu d'une grande rue passante en espérant ne pas être trop loin de notre hostel que nous finissons par trouver, non sans s'être arrêtés prendre un café qui nous a coûté un bras. La sieste, quant à elle, nous tend les siens.
La force nous manque d'aller plus loin que le bar d'à côté y boire une (ou plusieurs...) bières. Jeux de cartes en abondance ; qui perd paye l'addition.
1-1, on est bien avancés.
Jusqu'ici, on a toujours pas entendu la langue géorgienne. Tout le monde semble parler russe, ou alors on ne rencontre que des touristes de Tartarie. Who knows ?
Prochain challenge, échanger nos liras contre des laris. Je sais c'est tricky à suivre, tu vas t'y habituer, t'inquiète.
La valeur du lari est bien plus forte que celle du lira, ce que j'apprendrai bien vite en convertissant les additions payées. Oups.
Le premier soir, Henry et moi trouvons un petit resto qui semble cuisiner tradi. Plus de places dehors, tant pis, on va dedans. Erreur ! Un type fait office de DJ et de Karaoke man, c'est à dire qu'il est seul à avoir le droit de chanter. Quand il ne chante pas, la musique a un volume correct et quand il chante, c'est à coin. On mange beaucoup trop et on se marre bien (peut-être que la bière y est pour quelque chose).
Soirée dans un bar à vin pour tester le breuvage d'ici, connu pour être l'un des plus ancien du monde. Pas mal, mais rien ne surpassera le vin français et le vin suisse. Cela ne nous empêche pas d'en boire plusieurs verres tout de même.
Au dodo pour essayer de se remettre de cette nuit de bus pas bien reposante.
Le matin, je pars chercher des fruits et légumes pour me concocter une petite salade dans la cuisine commune de l'auberge. Henry mange rien, comme à son habitude (j'vous jure, c'est pas humain).
Batumi n'est pas réputé pour sa richesse culturelle, mais pour ses plages. Ça m'intéresse moins après avoir passé du temps au sud de la Turquie. Je pars donc à la recherches d'Eglises arméniennes et orthodoxes.
Le temps est humide ici, le ciel nuageux et la pluie pointe son nez mais jamais quand le mien est dehors. Première fois depuis mon départ que je vois des gouttes de pluie, j'en suis presque émue - n'abusons pas.
Petit tour de la ville avec Henry en s'arrêtant boire un café (et une gaufre, mais pour moi, lui ne mange toujours pas - si, si !).
Les Dundee United jouent à 17h, ce qui veut dire retour à l'auberge obligé pour Henry (bon pour le coup, il les a regardé perdre - oups). Pendant ce temps, je pars rechercher de quoi remplacer le petit bout de plastique au bout des écouteurs que j'ai perdu. Tu sais, ce truc sans quoi tu peux pas écouter de la musique, mais qui s'enlève tout le temps... J'aurais du prendre mes airpods *dit-elle énervée*. Après quelques refus secs essuyés dans les magasins (guinguettes, enfin t'appelles ça comme tu veux) électroniques, un type sort un paquet neuf d'écouteurs et me tend les précieux plastiques. Gratuit me dit-il. Je ressors de sa boutique étant certaine d'être la personne la plus heureuse sur terre : je vais pouvoir réécouter de la musique !
Rentrée à l'auberge pour notre dernière nuit à Batumi qui s'avérera être l'une des pires de mon voyage. Notre chambre partagée avec six autres personnes est climatisée, mais seul le tenancier de l'auberge a accès à la télécommande. Oui c'est con et vous voyez venir le problème, lui pas apparemment. C'est comme ça qu'à 3h du mat je me réveille congelée et ne réussit pas à me rendormir. Parce que ça serait trop facile, un autre type de l'auberge ronfle à en faire trembler les murs, il ne s'arrêtera pas avant dix heures le lendemain. A 5h du mat, j'en peux plus, ma polaire ne suffisant pas, je tremble trop et part prendre une douche chaude d'environ 30'. ça aide. Je me rendors quelques heures avec quelques interruptions dues à la douce mélodie des ronflements du voisin qui est officiellement la personne que je déteste le plus au monde- du moins à ce moment-là.
Le matin, Henry et moi voulons partir pour Tbilisi en marshrutkas. Les bus longues distance sont full et le train aussi, c'est notre seule solution. Il faut d'abord trouver où part un marshrutka pour Tbilisi, chose faite - non sans peine - il faut ensuite attendre qu'il se remplisse. En attendant, achat d'un donut qui fera office de repas (waouw Louise, tellement healthy comme mode de vie !).
C'est parti pour - supposément - 6h de trajet en bus. La route n'est pas toujours goudronnée et l'autoroute...n'existe que sur quelques kilomètres, malgré le fait que l'on relie les deux plus grandes villes du pays. Le bus est d'une lenteur inimaginable et d'un inconfort sans nom. Je ne ferme pas les yeux du trajet malgré mon état de zombie ambulant. Les six heures de trajet se transforment en sept heures et je vous jure que ça fait une sacré différence quand vous êtes dedans. Le bus finit par prendre une autoroute, grand sourire de soulagement. C'était un leurre, après 10km, retour sur cette route cabossée et retour aux bouchons.
En chemin, j'en profite pour apprendre cet alphabet si étrange à ma conception. Je connais désormais une dizaine de lettres avec plus ou moins de certitude. Je ne le sais pas encore, mais ça me servira.
On finit par arriver au terminus, la station de bus. Pour rejoindre le métro, il faut marcher une bonne vingtaine de minutes, et c'est la bonne vingtaine de minutes de trop, on en peut plus.
Update : j'ai découvert après qu'il y avait un raccourci qui permet de le faire en 3'. Heureusement que j'ai pas appris ça le jour-même, le coup aurait été trop dur.
Arrêt de métro : Marjanishvili. Hostel : La Fabrika. Notre plan : ne rien faire, par pitié.
Après un repos bien mérité, on s'en va se restaurer, puis dormir.
Je dors comme un bébé et me réveille fresh as a daisy. Henry veut bosser un peu, moi je pars visiter la ville à pied. Première surprise ? Il y a une cascade au plein centre historique !
En prenant le métro je profite de faire une très agréable expérience ; un mec décide tout bonnement de me souffler sur le bras. Je ne parle ni géorgien, ni russe (parce que lui dire mon nom en russe n'était pas adapté à la situation) et ça me frustre. Je devrais vraiment apprendre un truc comme "dégage conna**" dans ces langues.
Je rejoins ensuite Henry pour boire quelques bières.
A Tbilisi, c'est bien le géorgien qu'on entend partout. Des autocollants "Fuck Putin" sont affichés un peu partout, certains restos ajoutent à leur cartes une petite mention en bas "20% of our country is occupied by russia, so we don't speak their language here". C'est plutôt clair et si ça ne l'était pas assez, les drapeaux ukrainiens flottant partout rendent la chose encore plus explicite : la Géorgie n'est pas copine avec Poutine.
Le soir, c'est une nuit horrible qu'on passe avec des gens insupportables, entre le type qui passe un appel à une heure du mat, les gens qui rentrent bourrés et ceux qui décident de faire leurs affaires à trois heures en faisant tout tomber par terre, celui qui ne met pas son téléphone sous silencieux - malgré mes invectives - et dont les messages me réveillent chaque heure (pour autant que je sois endormie)...
Réveil tôt le lendemain, car je pars pour le nord de la Géorgie y faire de la randonnée tandis que Henry préfère rester à Tbilisi (il a une formation continue sur zoom le mercredi soir). Avant de partir chercher un mashrutka, Henry et moi allons acheter de billets de train à la gare. Nous partons vendredi en train de nuit pour l'Arménie !
hahahah le coup du mec qui te souffle sur le bras!!! C'est pas drôle mais j'en ris parce que c'est le truc le plus chelou au monde!!!
Ah mais quelle ambiance!
Tu n'as pas révélé à quoi allait te servir tes connaissances de la dizaine de lettres de l'alphabet géorgien... Le suspense est insoutenable!
Mais tu as un don pour raconter les voyages. Je ris tellement avec ta manière de nous décrire ces situations ... parfois pas drôle à vivre en fait !!! bisous !