Arrivée à Rurre, je file en Tuk-Tuk (si, si, en Tuk-Tuk) à une auberge de cette petite ville proche de la forêt tropicale. Je me prends alors une énorme claque : comment croire que je n’ai pas changé de pays ? J’ai l’impression de me réveiller après un kidnapping et de découvrir qu’on m’a déposée à l’autre bout du monde. 13h de bus et me voilà en Thailande.. enfin c’est l’impression que ça me donne. Ethniquement, la population me me semble pas si éloignée des habitants de l’Asie du Sud-Est. Tout le monde se déplace à moto (à qu’âtres parfois) ou en Tuk-Tuk : difficile de ne ps faire le parallèle, surtout avec ce climat. Il fait au moins 32 degrés la journée et l’humapparemmentassomante.
Je me pose dans les hamacs de mon auberge en attendant que mon lit soit prêt. J’hallucine complètement de ce climat et mettrai bien 24h à réaliser que je suis bien en Bolivie.
Je profite de la piscine de l’auberge, me vais faire du shopping pour couvrir bras et jambes en perspective des moustiques de la jungle et pars déguster du poisson de la région. Je rencontre l’après-midi Ben, le français expatrié de l’agence auprès de ui j’ai loué les services d’un guide pour la pampa et la selva. En français, la pampa c’est la mangrove (rien à voir avec la pampa argentine, ne me demandez pas le lien, pas compris) et la selva c’est la jungle.
Ben m’explique qu’il m’a mis dans un groupe avec sept autres personnes francophones. Il me donne quelques infos à propos du tour car j’ai AUCUNE idée de ce qui m’attend puisque j’ai fait aveuglément confiance à Manon et Hugo qui m’ont conseillé cette agence. Il reste avare en explications et je ne saurai toujours pas combien de temps de marche m’attend le lendemain.
Je tente de m’habituer à cette chaleur et humidité constante. Je trouve bien plus agréable que le froid des Andes : j’ai beau être Suisse, je préfère le chaud.
Le lendemain, rendez-vous à huit heures devant l’agence. Ben fait les présentations. Je suis la seule Suisse, les sept autres sont français. Pierrick qui voyage depuis un moment est accompagné de ses parents qui l’ont rejoint pour lui dire bonjour et voyager un mois en Bolivie. On les appellera la petite famille. Marie et Laura sont deux soleils qui se sont trouvées en voyage et qui on décidé de poursuivre un bout de chemin ensemble et Jeanne et Mathilde sont deux autres voyageuses solo. Tout de suite, je sens que la vibe de notre petit groupe sera bonne. Je ne savais pas que je m’apprêtais à vivre une colo de quatre jours !
En face de l’agence, la fameuse boulangerie française. On fait le plein de pains au choc. Ben nous prête bottes hautes, moustiquaire, matelas et couverture ; d’habitude les tours commencent par la pampa mais pour qu’il n’y ait pas trop de monde au même endroit, nous commençons exceptionnellement par la Selva, la jungle.
Notre petit groupe fait connaissance et voilà qu’on nous fait signe de partir. On se dirige vers le rio (ça veut dire rivière) et on découvre deux barques qui nous attendent. On se sépare en deux groupes de quatre et on enfile les gilets de sauvetage. Notre chauffeur écope d’abord un peu ce qui nous paraît très rassurant. Le moteur se met en route, et c’est parti pour l’aventure !
On fait un premier arrêt dans un petit village au bord de la rivière. Une communauté indigène y vit, notamment notre guide. Il nous fait goûter aux bananes du jardin (enfin plutôt des bananiers de la communauté) et nous emmène chez lui. C’est la que se trouve une machine tout en bois et bien spéciale : elle permet de faire du jus de sucre de canne ! Avec l’aide de la femme d’Efrayim, notre petit groupe de touriste se met à la tâche. Une fois le jus récolté, nous y ajoutons un peu de jus de citron. Délicieux ! Nous rencontrons aussi une partie des enfants de notre guide (il en a 8 !). Nous ramassons quelques oranges et mandarines et en profitons pour en manger aussi. Et voilà qu’il est l’heure de retourner sur l’eau.
Nos petites barques nous déposent à l’entrée de la selva (jungle) avec notre guide qui s’appelle Efrayim, mais qui se fait appeler Mowgli. On charge les sacs de (beaucoup trop) d’eau et de nourriture. Manches longues et anti moustique sont de rigueurs et nous voilà dans la jungle. Efrayim nous prévient tout de suite : c’est simple, il ne faut toucher à rien. Il nous explique que certains arbres sont toxiques tout comme les fourmis qui se baladent sur certaines feuilles. On commence à marcher, tout en cherchant des noix de Coco pourries pour avoir des vers pour la pêche du soir. Les explications filent sur les plantes et arbres que nous dépassons. L’une d’elle permet apparemment de guérir le cancer… je reste dubitative. Nous ramassons aussi des champignons pour le soir. Nous n'hésitons pas à traverser des rivières (merci les bottes) et arrivons finalement au campement. Par campement, j’entends une petite structure en bambou/bois qui protège de la pluie. C’est là que nous dormirons ! Heureusement, nous avons des moustiquaires avec nous.
La journée n’est pas terminée pour autant. D’abord, il faut casser les noix pour en sortir les vers. Ensuite, on laisse les sacs au campement et reprenons la marche pour aller pêcher. En chemin, nous croisons mygale et traces de jaguar ! Vers nos points d’eau, nous nous mettons à la tâche : fil de nylon et vers…à nous les truites et poissons chat ! Sauf que pour ça, il faut quelques compétences de pêcheuse que je n’ai pas. Je ne pêcherai rien tout comme la plupart de mes collègues. Quand l’une de nous sort un gros poisson-chat de l’eau, c’est la panique ! Elle le laisse sur le côté ne sachant pas quoi faire. Laura et moi ayant trop pitié de ce poisson agonisant, nous tentons de l’assumer à coup de pierre. Plus résistant que prévu le poisson ! l finit par ne plus bouger. heureusement que notre guide est plus doué que nous et qu’il en attrape plusieurs. Nous entendons les singes en pêchant mais n’arrivons pas à les voir. Efrayim nous emmène alors plus loin pour essayer d’en apercevoir. C’est là que Mathilde tombe à l’eau ! Plus de peur que de mal… et beaucoup de boue.
Et voilà que nous les apercevons ! Quelques petits singes sautent aux arbres ! Tellement choux. Nous finissons par rentrer, car le soleil n’attend pas pour se coucher. Arrivés au campement, c’est douche à la « piscine », un petit point d’eau à côté de l’endroit où on dort. Aucune idée s’il y a des piranhas ou des crocos, mieux vaut ne pas demander. Il y a en tout cas une ribambelle de papillons ! Pendant ce temps, Efrayim se met aux fourneaux et nous fait un super repas avec poissons de la pêche, riz (du magasin) et champignons cueillis. Champi pas dingue, mais sinon très bon ! Efrayim qui, comme la plupart de la population indigène, croit en les pouvoirs de la Pachamama (la terre-mère) nous fait découvrir le rituel : quelques cigarettes en offrande accompagnées de feuilles de coca et d’un peu d’alcool à 96° dont il prend une bouchée. Il demande à la pachamama de nous montrer des singes et pleins d’animaux le lendemain. Il nous raconte des histoires de sa carrière de guide. Il a des croyances bien à lui sur certaines choses (on peut bouger après la morsure d’un serpent p.ex. ou encore une histoire de morsure de serpent sur femme menstruée (je ne sais plus trop ce qu’il disait, mais c’était un peu beaucoup sexiste). Il nous raconte aussi qu’il a commencé à travailler très jeune, bien avant dix ans, et qu’il allait couper du bois dans la forêt. Comme je comprends, le travail de mineurs est chose courante en Bolivie.
Comme on est tous crevés et que les moustiques s’acharnent, on se met vite au lit, entourés des bruits de la jungle et simplement protégés de nos moustiquaires : royal.
Il a plut pendant la nuit, mais nous sommes (presque) tous secs. La mise en route est plus longue que prévue et quand on se met à marcher, il recommence à pleuvoir. J’ai bien sur oublié mon k-way à La Paz, près d’Alba (en même temps, c’est pas normal qu’il pleuve à la saison sèche…). Heureusement, il fait chaud et je ne suis pas en Sucre. La pluie devient apparement trop forte puisqu’Efrayim nous arrête et nous nous abritons dans un petit campement caché, comme celui de la veille, pour attendre que la pluie passe. Une fois l’averse passée, nous nous remettons en route, en direction d’un mirador. Magnifique vue sur la jungle depuis la haut. On redescend ensuite et retrouvons finalement nos barques qui nous emmènent vers une autre « piscine » naturelle. Il y a une petite cascade et aucun poissons en vue… mais il ne fait pas si chaud ! On se baigne et on repart pour un avant-dernier stop : la fabrication du chocolat ! Nous sommes de retour chez Efrayim et nous apprenons à torréfier le cacao et le moudre pour en faire finalement une pâte avec un peu de lait et de sucre. A déguster avec des bananes pour une expérience ultime ! La pâte à tartiner n’a pas fait long…
Reprise du bateau pour un dernier arrêt cette fois : le canyon. Seuls les guides de la communauté d’Efrayim y ont accès. Pour y arriver, il faut parcourir un petit sentier dans les arbres. Une fois devant, Efrayim nous prévient : il y a de l’eau jusqu’aux fesses ! Il nous recommande très fortement d’enlever shorts et pantalons. On se retrouve tous en culottes et slip : il aurait quand même pu nous dire de prendre nos maillots de bain ! On enlève les bottes et on se lance dans l’eau, dans ce canyon très serré. On se marre bien à grimper sur les rochers. On découvre plusieurs mygales sur les murs, ainsi que des chauves-souris. Arachnophobes, soyez avertis ! On fait finalement demi-tour et on se rhabille pour retourner sur le bateau. Efrayim nous montre alors une mygale toute banche (albinos ?). Incroyable.
De retour sur nos barques, nous faisons quelques kilomètres pour rejoindre un eco-lodge. Cette fois, nous dormons dans un vrai lit ! Il y a même des hamacs qui nous attendent ainsi qu’un bar à cocktails. Quel luxe ! On peut aussi se doucher à l’eau froide de la cascade. Séance douche très drôle en plein air. Le soir, on soupe avec un autre groupe qui s’en va dans la jungle le lendemain. On passe une excellente soirée à se marrer avec eux. Au dodo !
Extraordinaire ! quelles aventures !!!
Magnifique! je te disais bien que je voyais des similitudes entre l'Asie du Sud-Est et l'Amérique du Sud!
Bananes et cacao du jardin: Louise tu devais être aux anges! Et cette immersion dans le monde indigène est incroyable! Waow!