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Photo du rédacteurLouise Perriard

Llegada a Chile

(ça veut dire arrivée au Chili)


Après trois courtes semaines de préparation, le départ pointait le bout de son nez. D’une fois que mes vols avaient été achetés, la course contre la montre débuta. Il fallait trouver le matériel manquant et le commander, prier pour qu’il arrive à temps et aussi faire une semaine en tant que mono de ski (si,si, ça fait partie de la préparation).


Après m’être trompée de porte-bagage, je n’avais plus qu’à espérer que le nouveau commandé passe sur Edouard, mon vélo.


Les deux jours avant le départ furent compliqués. Rien n’allait, le temps manquait. Emballer le vélo, le mettre dans le carton ; ça parait simple, mais ce fut la partie de Tetris la plus complexe de ma vie. Ça passe pas, merde. Les pédales ! Voilà qu’il fallait recommencer et décrocher ces pédales. A l’aide de ma clé allen no 6, je tente. Rien. Je m’énerve. Je ne sais plus quoi faire. Maman finit par me proposer d’aller dans un magasin de vélo, j’accepte. Au magasin, le gars tout sourire m’explique qu’une graisse au cuivre a été mise sur les pédales et que, parfois, ça a un effet soudant ! Il force donc et demande de l’aide à son collègue. A deux, ils enlèvent à Edouard ses pattes. Je m’auto-bénis d’avoir choisi de ne pas emballer le vélo à l’aéroport.





Entre deux trois pétages de câble liés à l’assemblage du vélo, mais soutenue émotionnellement par tous ceux qui ont eu le courage de rester dans les parages, je finis par sceller le carton après l’avoir pesé et avoir enlevé quelques kilos pour les mettre dans mon dos.


Les derniers au revoir s’approchent. Avec Claire et maman, on glisse Edouard dans le coffre de la voiture et elles m’aident à le hisser dans le train pour l’aéroport. Derniers adieux sur le quai de la gare ; plus romantique tu meurs.


Le train finit par partir et mon stress accélère. Je sais que le carton qui emballe mon vélo dépasse les dimensions acceptées par la compagnie aérienne. Va-t-il être accepté ? Ou devrais-je tout déballer pour le remettre dans un carton plus petit vendu par l’aéroport ? Si la dernière option est choisie, je devrais enlever la sacoche glissée astucieusement dans le carton, et qu’en faire après ?


Quand le train arrive à Genève aéroport, je hèle un vieux couple anglais et leur demande leur aide.


Edouard est à quai, tout va bien. Il me reste à trouver un caddie pour le mettre et à prendre l’ascenseur. Deux jeunes m’aident à le mettre sur le chariot mais quand j’arrive devant l’ascenseur, ça passe pas en largeur. Merde.


J’attends de trouver du monde quand vient une famille. On m’aide à le mettre vertical et miracle, ça passe !





Je vois rien en conduisant mon chariot, c’est franchement galère. Je fais le check-in, on m’envoie aux bagages spéciaux. Le stress augmente.


Le mec des bagages spéciaux me demande rien, il prend Edouard seul et le lance sur son tapis. “Vous allez où comme ça ? “ il me fait la causette après avoir

1. lancé Edouard

2. Mais m’avoir enlevé le grooos stress de ce carton surdimensionné


“Bon voyage, profitez bien” !


Cette fois, je suis libre (à part mon sac à dos, mon sac en toile surchargé et mon casque).


Dernière mission en Suisse : trouver un drapeau à accrocher sur le vélo ! Je me sens débile à acheter un drapeau dans mon propre pays, dans le magasin le plus touristique de l’aéroport.


Direction la gate D. Attendre.


On nous fait embarquer, je suis assise à côté d’un chilien avec qui j’avais déjà échangé deux mots lors du check-in (je passais pas vraiment inaperçue avec mon carton de vélo). On commence à discuter et ne terminons notre discussion qu’à l’aéroport de Madrid, lorsque nos chemins se séparent - ayant chacun une porte différente pour embarquer en direction de Santiago (même destination !).


Il m’apprend des expressions et des mots en espagnol chilien. Il me donne ses meilleurs conseils culinaires, ce que je dois tester, ce que je ne devrais pas tester et quels animaux craindre, à savoir la veuve noire et une autre petite araignée très commune. Comme toujours, seules les petites bêtes sont dangereuses.


Il ajoute aussi que le sud du Chili est connu pour avoir des cordes aux coins de rue, pour s’y accrocher quand le vent souffle trop fort… gloups. Ah et il me dit que j’ai plus de chance de vivre un tremblement de terre que de croiser les animaux rares du pays (puma, bébé cerf tout doux et compagnie). Tant que le sept sur l’échelle de Richter n’est pas dépassé, les gens vivent leur vie sans broncher.


Il m’apprend aussi l’étymologie de certains de ces mots/expressions : gringo, qui est un mot utilisé dans toute l’Amérique latine et qui se réfère au touriste/blanc/ à l’Américain, vient du Mexique. A l’époque, les américains portaient l’uniforme militaire vert au Mexique. Les autochtones leur criaient “Green, Go !”.


Autre exemple : “¿catchai ?”, terme utilisé au Chili pour savoir si l’autre a compris ce qu’on lui a dit (venant bien sûr de l’anglais, “did you catch it ?”).


Bref, il me met des étoiles plein les yeux et je patiente mes six heures à Madrid en rêvant du Chili.


Après une longue attente due à je ne sais quoi (et apparemment les hispanophones n’ont pas non plus compris le charabia sorti par l’hôtesse au micro, puisque j’ai demandé), nous avons fini par embarquer à bord d’un énorme avion. Je suis désormais fan de cette compagnie qui a non seulement accepté tout mon bordel sans broncher mais a rendu ce long trajet de treize heures presque agréable. Une petite chute de pression aura eu raison de la perfection du voyage. Les turbulences sur plusieurs heures n’ont pas aidées ; je trouvais ça plutôt fun au début mais j’ai vite trouvé moins drôle. Les hôtesses ont tout fait pour que je me sente mieux, à coup de coca-cola et de grand sourires, suivi de ¿todo bien?. Atterrissage en douceur et une Louise soulagée de retrouver Édouard après une très longue attente aux bagages spéciaux. Le carton est un peu déchiré, je prie pour qu’Édouard arrive complet à Punta Arenas !


Me voilà donc à Santiago de Chile, un lieu qui résonne étrangement pour moi puisque j’ai entendu mon grand-père en parler pendant des années. A mon tour d’y être mais pas pour longtemps (ou si peu). J’ai en effet une escale de vingt-et-une heure à Santiago. Je ne peux même pas visiter la ville puisque j’ai mon gros carton avec moi et que le check-in la veille est impossible avec la nouvelle compagnie que je prends. Je suis donc contrainte de balader Edouard dans tout l’aéroport et de faire passer le temps comme je peux. Mais après mes trente heures à Mascate, je suis devenue une pro. Quoique je réalise que ma façon de gérer le temps n’a aucun sens : je m’étais laissée deux heures à Bangkok, l’un des plus grand aéroports du monde (et on a vu ce que ça a donné) et voilà que je me fais une vingtaine d’heures dans l'un des plus pourri, après la chouette expérience omanaise…


Mais j’apprécie les petites victoires, comme celle de trouver/forcer quelqu’un à surveiller mes affaires pendant que je vais aux toilettes ou me brosse les dents. Ou comme celle de s’asseoir au resto en trouvant le bon emplacement pour laisser le carton à l’extérieur mais l’avoir bien en vue et pas loin.. Ça a le mérite de m’occuper.


Bon il faut le dire, ce qui m’a le plus fait passer le temps, c’est de travailler mon A1-A2 d’espagnol grâce à ma super méthode poco a poco. Avec ça, j’ai l’impression que dans deux jours je serai bilingue. Tout de façon c’est vite vu, même à l’aéroport, personne ne parle anglais, donc je sors mon meilleur espagnol (souvent c’est de l’italien, oui) et tout roule, ou comme on dit au Chili : « todo esta filete ».


Patienter = manger

On m’a dit que le check-in ouvrait quatre heures avant l’embarquement. Plus que six heures avant d’avoir de quoi m’occuper : un check-in et la sécurité. Tout est prétexte à se réjouir !


L’heure attendue, je présente Edouard emballé et dois moi-même le déposer sur le tapis roulant spécial : tant mieux, je peux le faire plus délicatement que n’importe quel employé d’aéroport. Direction la porte d’embarquement après la sécurité et petit dodo avant de monter dans mon dernier avion. Ce dernier fait un arrêt à Puerto Montt pour déposer et prendre des passages. Une dinguerie le truc ; un bus qui vole.


Enfin arrivée à destination : Punta Arenas.


J’avais appris sur internet l’existence de bus entre l’aéroport et la ville, le type de l’information a démonté mes espoirs en m’expliquant que seuls les taxis y allaient. Sûrement un attrape-touriste, mais j’étais tellement explosé que je suis montée à bord d’un taxi minibus qui acceptait mon vélo. Détour par un ATM à la taxe la plus élevée jamais payée de toute ma vie (8500 pesos, soit 10.- CHF) et me voilà arrivée à mon auberge de jeunesse. Au programme : empanadas au fromage et sieste pour l’éternité.



Empanadas

Et puis je finis par me motiver à remonter le vélo. Miracle, il est en grande forme !


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3 Comments


Enfin les nouvelles tant attendues! toujours avec humour! vive Loucheenrouelibre!

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Yves Perriard
Yves Perriard
Feb 12, 2023

Coucou ma Louise, tellement bien de te relire et d'avoir les détails de ce début de voyage. Tu y es !!!! Bisous

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Louise Perriard
Louise Perriard
Feb 13, 2023
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C’est trop bien d’avoir repris mes vieilles habitudes de blog hihi 🥰

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