A l’hôpital, on s’occupe très bien de moi. On me met une perfusion pour me réhydrater en vitesse. Je somnole tout le temps. On me parle principalement en espagnol et c’est pas facile de m’expliquer médicalement, mais ils sont tous très patients avec moi (le comble pour un médecin..). J’ai toujours des étourds debout, mais couchée je vais plutôt bien. Ils décident de me garder une nuit en observation à mon plus grand soulagement. J’avais regardé les hôtels aux alentours et les notes Google maps laissaient entendre qu’il valait mieux dormir au camping qu’à l’hôtel… j’étais donc mieux dans mon lit d’hôpital qu’au camping d’à côté.
Après 36h sans manger, je reprends timidement des forces avec une soupe végétarienne. Le médecin n’en revient pas que je ne mange pas de viande mais demande très gentiment au cuisinier de me faire un repas végétarien. Tout le monde m’en parle ensuite ; « ah tu ne manges pas de viande toi hein ? » : c’est vraiment pas dans les habitudes culturelles argentines !
Pour la nuit, on m’a installée dans une chambre où je suis seule : la classe. Niveau hygiène, c’est suffisant mais ils ont clairement moins de moyens que chez nous. Pas de papier sur le lit du box, j’espère qu’ils le désinfectent entre chaque patients.
Dans la chambre. J’ai une salle de bain avec une sorte de douche de camping, mais pas d’eau chaude. On m’a proposé de faire chauffer de l’eau… et puis ça n’a jamais été fait. Un oubli ou un problème dans la chaîne de communication. Peu importe. Je me sentais tout de même bien sale sans avoir pu me doucher depuis San Martin… c’est à dire quatre ou cinq jours avant.
Une fois un peu remise, mon médecin anglophone a finalement osé me demander plus de détails sur mon voyage. Tout l’hôpital était curieux ! J’ai donc expliqué en anglais et en espagnol aux médecins, infirmiers et infirmières mon voyage. Je suis assez convaincue que si ça avait été quelqu’un d’autre, ils ne m’auraient pas fait passer la nuit d’observation à l’hôpital, mais une gringa qui voyage à vélo ça mérite un peu d’attention.
Toujours sous perfusion, je leur demande s’ils ont des conseils d’hébergement pour le lendemain. Une partie de moi veut être hébergée à l’hôpital, car je n’ai aucune envie de dormir dans un hôtel crasseux et …la tente c’est pas l’idéal pour se reposer. On me tend une liste d’hébergement. Un quart n’apparaît pas sur Google maps, ni les autres applications que j’utilise, ce qui me fait dire qu’ils ont probablement disparu après le covid. Deux tiers ont une note franchement exécrable sur internet. Il ne me reste pas beaucoup de choix. Deux cabanas sont notées avec des numéros. Les deux sont à quinze minutes à pied, ou 5 à vélo. Je contacte les deux, et choisis la moins chère. J’ai un peu peur de ce que je vais trouver.
L’équipe médicale pense que je suis prête à sortir si j’en ai envie. Comme j’ai trouvé ma cabana, je n’ai qu’une envie, celle d’aller me mettre au lit là-bas et de dormir. Laura, une infirmière, me donne son contact et me dit que je peux l’appeler, pour quoi que ce soit. Qu’elle est chou ! Les autres médecins me demandent quels sont mes plans pour la suite. Je leur annonce aller à Mendoza en bus. « Lui vient de Mendoza ! Mais alors si tu vas dans sa province, tu dois aller à Cordoba, la sienne, et Salta, la mienne ! ». Un classique des argentins…
A l’hôpital, on me dit qu’il faut que la médecin du jour me voie pour que je puisse sortir. Bien, mais je l’attends depuis plusieurs heures… Elle finit par arriver, ne contrôle rien du tout mais me lance un grand sourire et me dit au revoir. Elle me conduit à la salle de réunion où Alba à été rangée. Nommez-moi un Hôpital en Suisse qui, sans autre, mettrait un vélo en salle de réunion pour le mettre en sécurité !
J’enfourche Alba, bien que très pâle et faible. Je vais à la cabaña d’Ana. Celle-ci m’accueille avec un grand sourire. Elle est adorable et voit vite que j’ai besoin de repos ; elle me montre la cabane et me laisse tranquille. Au dodo ! Ces deux petits kilomètres à vélo m’ont épuisée et je transpire beaucoup. Je sens ma pression baisser. Je me mets donc au lit.
Plus tard, je fais mieux connaissance avec Ana, elle est si bienveillante ! Elle me donne une astuce pour les maux de ventre et me fait faire des infusion ses feuilles de l’un des arbres du jardin (Durazno/pêche). L’infusion a une étonnante odeur de massepain, mais c’est très bon. Je passe deux jours au lit, sauf pour me faire à manger et acheter des bananes et du coca. Je me sens mieux mais si faible !
Je prolonge mon séjour et passe une troisième nuit dans ma super cabaña hyper clean et bon marché. J’ai beau somnoler la journée, je suis incapable de m’endormir le soir, même avec l’aide de somnifères ! Je suis donc toujours aussi fatiguée.
Je me motive à aller à la station de bus pour réserver un billet pour le lendemain. Il me faut aller à la capitale de la province de Neuquen (du même nom) pour y prendre un bus pour Mendoza. Quand j’arrive, il est tout juste 14h. Le bureau est bien sûr fermé. Je viens de me faire un kilomètre à vélo avec une petite montée à la fin et c’est beaucoup trop pour mon (petit) corps malade. Je me sens super mal. La vendeuse de billet arrive finalement (30’ plus tard que l’ouverture prévue par l’horaire sur la vitre tout de même) et j’achète facilement un billet. Elle ne s’inquiète pas pour mon vélo, moi si. Ce n’est pas elle qui décidera si mon vélo peut rentrer dans le bus et sa chillance ne me rassure pas. Je retourne à ma cabaña et recommence à ne rien faire et me forcer à boire, boire et boire toujours plus. Je fais un peu de lessive à la main et bon sang qu’il était temps.
Le lendemain, je dis au revoir à Ana et retourne à la station de bus avec Alba et toutes les affaires. J’ai 40’ d’avance, pour pouvoir démonter le vélo. Un bus arrive assez vite, il va à Neuquen. Je discute avec les chauffeurs et ils me laissent mettre Alba dans la soute sans même la protéger ou démonter, mais en échange d’argent. Pas de problème, je suis prête à payer des millions pour faciliter le transport de mon vélo. Quand ils voient mon tickets, ils réalisent que ce n’est pas le bon bus ! Le mien arrive plus tard ! Je les supplie de me garder (ils ont l’air de dire que mon vélo ne rentrerait pas dans l’autre bus). Ils m’aident à changer le billet (je dois payer la différence de tarif) et me voilà partie pour Neuquen dans un bus luxueux. Je peux presque baisser mon siège comme un lit. C’est (presque) plus confortable que n’importe quel lit que j’ai eu dans ce voyage.
Arrivée à Neuquen, l’histoire recommence. « Un billet pour Mendoza dès que possible, avec un vélo à transporter ». « Il faut emballer votre vélo et le démonter madame ». Bah super, et comment je fais ça sans rien dans une station de bus ? Le seul shop ouvert est un kiosque. Je leur demande s’ils ont du carton et du scotch. La dame du kiosque me donne plusieurs petites boites en carton et me vend un rouleau de scotch (assez dingue qu’il soit en vente ici). Je mets mes talents artistiques au service d’Alba et la pimp de carton et de bouts de scotchs un peu partout. Plusieurs passants me regardent faire déconcertés. Une femme vient et me fait la discussion. Elle m’aide à fixer des bouts de carton ensemble. Elle s’appelle Linda. Elle a un rêve : voyager en Europe. « Ça reste dans un coin de ma tête, mais bien sûr, c’est impossible pour l’instant, avec la crise… ». Elle part prendre son bus. C’est ensuite Roberto qui me tend un rouleau de scotch plus solide et qui commence à me faire la conversation. Il parle vite, j’ai de la peine à suivre, mais ça ne le dérange pas que je ne comprenne pas tout. Je mets du temps à comprendre qu’il vit depuis cinq jours dans le terminal de bus. Ce n’est pas vraiment un sans-abri mais je ne comprends pas bien sa situation. Avec la crise, il a perdu son travail à Buenos Aires (la province, pas la capitale ; faut s’habituer à ça, les gens parlent toujours de la province). Il était cuisinier. Il est au chômage mais souhaite désespérément travailler. Il enchaîne les petits boulots ; il va bientôt aider à une fête, et puis il va commencer à faire de la vente d’immeubles pour une entreprise… rien à voir avec sa formation donc. Pour l’instant, il fabrique des bracelets et les vends pour se nourrir. Il me parle de la crise, de la situation économique de l’Argentine. Comme d’autre, il me dit que ça n’a jamais été aussi horrible. Il est né sous la dictature. C’était moins pire avant.
J’ai fini d’emballer mon vélo. Ça ressemble à rien, ça ne doit pas protéger grand chose, mais l’illusion est là. Je mets un sac poubelle sur le dérailleur pour ma bonne conscience. Je présente mon œuvre d’art plastique à la vendeuse de billet qui l’accepte. BINGO.
Il me reste quelques quatre heures à tuer. Je continue de parler avec Roberto, mais je fatigue assez vite et c’est un vrai moulin à paroles. Je prends une pause de lui en allant me prendre un sandwich et je lui achete un bracelet un peu par pitié. Ça lui refait sa journée ; tant mieux. Il est passionné par mon voyage et m’encourage à visiter le nord de l’Argentine qu’il trouve magnifique.
Mon bus arrive finalement et j’embarque à bord d’un nouveau transport luxueux (j’ai pris la catégorie cama, pour bien dormir). Après mes 4h de bus depuis Las Lajas, je pars pour 12h de bus en direction de Mendoza.
Arrivée à Mendoza, Daniel - un ami dont Miguel de Bariloche ma donné le contact - m’accueille. On fait une trentaine de minutes de voiture pour sortir du centre de Mendoza et on arrive dans le petit village de Chacras de Coria. C’est petit mais j’ai l’impression d’être dans le quartier riche de Mendoza. Les boutiques ont l’air chères, surtout pour l’Argentine, et les gens sont bien habillés. On s’enfonce dans une petite rue et nous voilà chez Daniel et Celina. Pour un prix d’ami, ceux-ci me louent une petite casita à côté de leur maison. C’est super chou, j’ai une cuisine et même une baignoire ! C’est le grand luxe, vraiment.
Daniel est un ancien guide de montagne. Mendoza étant la porte d’entrée de l’Aconcagua, plus grand sommet du monde si on exclue la chaîne de l’Himalaya (on est d’accord, ça fait beaucoup à exclure), c’est dix-sept fois qu’il gravi le sommet, avec des clients. Il est à la retraite maintenant. Celina m’accueille chaleureusement et j’apprends qu’une de leur fille vit en France a Chamonix. Je ne peux m’empêcher de leur parler de Gietroz et voilà qu’ils me demandent si ça se trouve près de Vallorcine. Je tombe des nues ! Jamais j’aurais pensé qu’on me parle de Vallorcine en Argentine. Celina me propose même de faire une lessive, ce que je peine à refuser. Elle ne veut pas de mon aide et je me retrouve avec tous mes habits propres et sentant la lessive à plusieurs milliers de kilomètres (en tout cas c’est mon impression). Ça fait en effet depuis Puerto Natales qu’ils ne sont pas passés dans une vraie machine…
Encore en contact avec Lucas qui m’avait réparé Édouard à El Calafate, celui-ci m’apprend qu’il est en road trip avec un pote afin de rejoindre Buenos Aires (la Province, pas la capitale ; oui je me suis fait avoir plusieurs fois) où il vit en dehors de la saison touristique. Je les rejoins donc dans un petit café près de mon hébergement luxueux pour un jus de fruit. Ils ne s’arrêtent pas plus longtemps car ils veulent rejoindre San Luis le jour-même. Je promet de les tenir au courant quand je serai à Buenos Aires (la capitale, fait suivre hein !) afin que l’on s’y retrouve. En attendant, je ne suis toujours pas complètement remise de mon aventure hospitalière et je me sens encore bien faible. Sur conseil de ma médecin préférée, je m’achète des vitamines de toutes sortes afin de guérir vite fait bien fait. Je rentre faire une (un peu trop) longue sieste pour me remettre d’une courte nuit de voyage.
Le lendemain, je ne me sens toujours pas très bien et m’offre le luxe de ne rien faire, mais vraiment rien. Pas de lessive, pas de blog, rien. Je suis dans mon lit et j’ouvre Netflix. L’addiction reprend. Btw, je conseille fortement à qui veut bien l’entendre de regarder la série « the diplomat » ; un régal.
Je profite de ma dernière journée à Mendoza pour visiter la ville et prend le bus pour rejoindre le centre. Comme toujours, c’est une petite aventure en soit. Je n’ai pas la carte de bus de la ville et quand je demande au chauffeur si je peux exceptionnellement payer en cash, il me fait signe de m’assoir et de me faire. Muy bien señor.
Je redécouvre ce qu’est une ville et ça fait bizarre. C’est une petite fourmilière avec peu de choses à visiter. Il y a de jolis petits parcs et beaucoup de restaurants et magasins. Enfin, il y a beaucoup de monde. Je profite de me mettre en terrasse afin de m’imprégner de la douce chaleur ambiante. La Patagonie, c’est fini. Je l’ai officiellement quittée quand je suis entrée dans ma Province de Mendoza, à quelques kilomètres au nord de Las Lajas.
Je profite de cette grande ville pour me racheter un livre et me dégote un Kundera… en anglais. Je sais, c’est con, mais c’est comme ça.
Le lendemain matin, Daniel accepte de m’emmener à la station de bus ; cette fois je le paye pour le trajet, ce qui allège fortement ma conscience. L’une de ses filles vient avec car elle souhaite avoir des renseignements à la station de bus. Je n’ai pas encore de billet et souhaite prendre le bus de 10h pour Santiago. Mon vélo est emballé. Vais-je réussir ?
La fille de Daniel m’aide à prendre mon billet, mais personne ne veut de mon vélo… Finalement, le dernier bureau - une compagnie Chilienne- accepte de prendre ce fardeau mais leur bus part onze heures plus tard et est donc un bus de nuit. Adieu la vue panoramique sur les Andes, adieu Aconcagua tant rêvé ; je ne verrai que la nuit sombre et les quelques lampadaires illuminant la frontière.
Je dois donc m’occuper pour les onze heures restantes, Daniel et sa fille étant repartis. Je peux heureusement laisser mon vélo et les affaires au bureau de vente de billets et je pars pour un marathon de cafés dans la ville. Je commence par prendre un petit-déjeuner avec medialunes (croissants) dans un café trop bruyant duquel j’appelle Marie. En plat principal, un resto aux serveurs frustrés et frustrant et en dessert, le café dégoté la veille et retrouvé grâce à mon sens de l’orientation surprenamment efficace. J’y suis accueillie avec un grand sourire à ma plus grande joie.
Le temps file quand on le passe à ne rien faire et voilà qu’il est l’heure de retrouver Alba en mille morceaux. On m’annonce qu’il n’y a pas assez de scotchs et de cartons et je m’efforce donc de trouver l’un et l’autre dans le terminal de bus. Encore une fois, me voila à genoux en train de jouer à la plasticienne entre deux regards effarés. On m’apprend ensuite que c’est à moi d’amener le vélo au bus et je me retrouve à chercher une solution pour emmener d’une seule fois mes quatre sacs et mon vélo, car on me la répète plusieurs fois : « Mendoza, c’est dangereux, il faut vraiment bien surveiller tes affaires ». Finalement, un des employés de la compagnie de bus a pitié de moi et non sans m’avoir déclaré que « la compagnie de bus n’a aucune obligation d’aider les voyageurs à porter leurs affaires », il m’aide à prendre les deux sacs que je n’arrive à porter en même temps qu’Alba. Le bus est déjà là, et le chargement commence. Des employés sont chargés de remplir la soute et l’un d’eux s’occupe de mes sacoches. Je suis très attentive à mes sacs avant qu’ils soient en soute, car j’ai entendu beaucoup d’histoires de vol. Il me dit qu’il s’occupera d’Alba. Je lui tend la traditionnelle propina (tip, pourboire), mais il ronchonne en demandant plus à cause du vélo. C’est pas ça qui va me ruiner, je satisfais sa demande. Je me dis que je peux lui laisser le vélo et me voyant monter dans le bus, un des autres passagers me rappelle et me fait comprendre qu’il faut que je surveille les affaires jusqu’au bout. Beaucoup de vol aux alentours, vous disiez ?
Je me poste donc en garde et vois mon cher employé de bus renverser Alba par terre. Il ne s’excuse même pas. Ça m’apprendra à donner le pourboire avant que le service ne soit réalisé. Finalement, après avoir chargé tous les sacs, il réalise qu’il n’a pas la place, essaie de forcer certains bagages entre des coins (et tente de briser mon casque de vélo par la même occasion, grrrr) et réalise soudain qu’il doit tout changer. Pas une lumière le gars. En tout cas pas un pro de Tetris. Il charge finalement Alba sous mon regard désolé et mes nombreuses grimaces.
J’ai les épaules qui se relâchent, un peu. Ok, premier stress derrière. J’ai peur de l’arrivée au petit matin. En effet, le bus dure environ 8h et je devrais arriver vers 6h. Santiago est une ville « dangereuse » m’a-t-on répété et la perspective d’arriver tôt ne m’enchante pas.
Vous vous rappelez de Ignacio, le Santiaguino rencontré dans mon avion Genève-Madrid ? Eh bien je suis restée en contact avec lui et ce dernier. Bien que rentré en France (c’est la qu’il vit et qu’il exerce en tant que dentiste), il me propose son appartement pour quelques jours. J’ai donc un appart à moi toute seule à Santiago, et ce, gratuitement. Inutile de chercher plus longtemps, il y a des gens bien sympas sur cette planète.
J’accepte donc avec grand plaisir et commence le casse-tête de comment je vais me rendre à l’appartement. Plusieurs options s’offrent à moi :
Remonter le vélo à la station de bus et pédaler les 10km dans le froid matinal , sachant que je ne suis toujours pas en très grande forme physique
Prendre un taxi cher, espérer qu’Alba ne soit pas trop grosse et rentre dedans
Prendre le métro avec l’aide très gentiment proposée d’un ami d’Ignacio, sachant que porter Alba, ça se fait sur 5’ max, sous peine de transpirer plus que sur le semi-marathon de Lausanne
Vous voyez, c’est à ce genre de trucs que je pense quand je pédale ou que je prends le bus. Je vous assure que ça fait passer le temps.
Avant que je ne sois arrivée à une décision, la douane apparaît. Je n’avais pas anticipé (DU TOUT), mais douane Chilienne rime avec paranoïa républicaine. Les douaniers se mettent donc à vider les bus et saisir Alba d’une manière qui ne me plait guère. Les passagers, nous nous sommes dirigés vers la douane afin de 1) montrer notre passeport covid (une première sur tous mes passages de frontière) 2) remplir une déclaration comme quoi je ne fais pas rentrer de produits illégaux au Chili (i.e. des légumes, des œufs ou du miel) 3) montrer mon passeport et me faire tamponner une feuille à CÔTÉ de mon passeport (pour être sure que je la perde ensuite). Chouette programme.
Je ne passe pas la traditionnelle douane de sortie Argentine, ce qui me laisse un doute amer sur ma sortie administrative du pays. Espérons qu’ils me laisseront rentrer dans un mois sans me dire que je n’ai jamais officiellement quitté le pays etc.
Une fois ma feuille volante tamponnée, je dois aller récupérer mes bagages pour les faire passer au scanner. Car oui, ces chers douaniers s’occupent de mettre les bagages sur le tapis roulant, mais ensuite c'est à toi de faire le boulot. Je me trouve donc un chariot et entame une partie de Tetris avec mes sacs et le vélo (je suis décidément meilleure à ce jeu que le type du bus). Je fais passer mon bordel dans le scanner, le vélo y compris (me demandez pas pourquoi) et réussis à ramener le tout au bus sans rien faire tomber. Quand le bus repart, je sombre dans le sommeil.
A 4h du matin déjà, nous arrivons au terminal de bus de Santiago. C’est l’incompréhension totale, car le trajet était censé durer 8h.
Il me faudra quatre jours pour réaliser que j’ai changé de fuseau horaire (-6h sur le fuseau horaire suisse).
Au terminal de bus, la question ne se pose plus, c’est un taxi que je dois appeler. Pas question de rouler à 4h du matin dans Santiago. Je ne suis déjà pas à l’aise dans le terminal à cette heure ci, je préfère éviter les potentielles rencontres possibles dans la capitale chilienne de nuit. Je remonte vite le vélo pour pouvoir porter mes affaires d’un coup et me poster devant le terminal et j’appelle mon chauffeur. Il lui faut dix minutes pour arriver. Dix minutes que j’ai bien senties passer à suer en regardant les quelques mecs bien bizarres autour des rares lampadaires du coin. « Fake it until you make it » étant mon moto, je prends parti de me croire super confiante face aux spécimens du quartier qui me regardent du coin de l’œil plus ou moins discrètement.
Mon uber finit part arriver. J’avais commandé un XL mais les sièges ne se pliaient pas, heureusement, en Amérique du Sud on met aussi les vélos sur le toit. Alba est donc monte donc à l’étage du dessus pendant que je reprend une respiration plus posée à l’arrière du véhicule. Le temps d’ouvrir la porte à quatre serrures de chez Ignacio et de me prendre une douche et voilà qu’il était presque six heures. Épuisée, je me glisse sous les draps.
Quand je réussis à sortir du lit, il est l’heure de manger. Je rejoins ainsi Manon (aka la française de Puerto Natales) qui finit une visite guidée. Hugo est resté au lit, car malade. On se rue sur des pizzas vegans délicieuses dans le coin et enchaînons sur la visite de l’un des musées d’art contemporain de la ville.
Vallorcine! Giétroz! j'y crois pas! Mondialement connu!
j'adore : Je fais passer mon bordel dans le scanner. j'ai tellement ris ! et oui, je confirme, The Diplomat (Netflix) est génial !!! bisous doux