Départ matinal pour Pamukkale ; j'en ai pour plusieurs heures de train. J'utilise mon interrail pour la première fois en Turquie - c'est quasi inutile ici, le réseau ferroviaire est franchement pourri. Dans le train, je rencontre deux italiens en vacances interrail qui vont à Ephèse. Un contrôleur vient couper les présentations, il ne connaît pas interrail et n'arrive pas à comprendre que nos billets sont bien valides. Il ne parle quasi pas anglais et google translate peine à nous aider. Un passager essaie de nous sauver à son tour, sans succès. Finalement le contrôleur décide juste d'abandonner. Ah interrail, une aventure en soit à chaque fois.
On échange nos numéros avec mes nouveaux compagnons de route (pour les deux heures à suivre), et je leur donne mes recommandations pour la région. Ils vont en Cappadoce après, qui sait si nous nous y rencontrerons après ?
L'arrivée sur le site n'est pas des plus simples et je suis pas mal explosée en sortant du bus. Le dolmush nous dépose à l'entrée nord, c'est pas vraiment là où je pensais arriver. Soit. J'achète mon billet d'entrée sur le site qui comprend les sources et la cité antique de Hiérapolis. L'entrée donne sur la cité antique qu'il faut traverser en marchant 3km (selon les loueurs de voiturettes et de bus)...ou payer un bus pour arriver aux sources d'eau chaude. Un type lourdeau me tient la jambe et veut m'offrir le bus. Il me propose de visiter avec lui. Je refuse catégoriquement et me décide à marcher les 3km pour ne pas l'avoir dans mes jambes, il me propose alors de m'accompagner pour cette marche d'une heure sous 37 degrés. Je le remballe et dois lui demander trois fois de me laisser seule, ce qu'il finit par faire. J'ai mon énorme sac à dos avec moi car je n'ai pas trouvé d'endroit où le déposer et il fait très chaud. D'ailleurs mon sac s'appelle désormais Bertrand (Cantat ?) Briket (pour son poids plume) Galabru (que j'abrègerai B(C)BG). Je commence à marcher et crème mes coups de soleil pour ne pas que ce voyage se raccourcisse à cause d'un cancer de la peau. C'est vraiment magnifique de marcher aux milieu de ces ruines et il n'y a personne - tu m'étonnes par cette chaleur. J'aurais bien aimé avoir 13kg en moins sur le dos, mais je porte ma croix et avance dans ce paysage merveilleux.
Au bout de 15 petites minutes de marche, j’aperçois au loin ce qui semble être l'entrée des bains ! Sacrés 3km de marche ! Je le sentais un peu venir et suis très satisfaite de mon choix d'être venue en marchant. Le sentier des ruines continue plus loin, mais ayant visité deux autres cités antiques ces derniers jours, je préfère aller voir directement les sources formant une tufière par l'écoulement d'eau calcaire. C'est rempli de touristes et d'instagrammeuses testant des positions photogéniques au plus proche du bord de la "falaise".
J'ai pu poser mon sac aux vestiaires de l"antique pool" aux vertus supposément curatrices - mais tellement remplie de touristes que ces dernières s'annulent probablement avec l'hygiène doutable des baigneurs due à a chaleur. Je peux donc marcher librement sans mon sac.
Je passe trois courtes heures sur le site, mais la chaleur et le nombre de touristes autour sont trop fatiguants pour que je fasse plus long là-bas. BCBG m'a fatigué le dos et je ne sais pas encore où je vais dormir ce soir, je sais juste que je veux aller à Fethiye pour y passer la nuit, mais je n'ai rien booké et le trajet dure plusieurs heures. De bus en bus, le temps file et le soleil s'est déjà couché depuis un moment quand j'arrive au bord de la mer. Il est passé 22h. Où vais-je dormir ?
Je trouve un camping sur ma carte google maps téléchargée, je vais tenter d'aller là-bas pour la nuit, j'ai mon hammac avec. J'arrive sur place, ça parait vraiment moins bien que ce que j’imaginais. Pour faire simple, à part un panneau camping, ça ne ressemble en rien à un camping. Il y a des toilettes et une douche dont la propreté laisse à désirer. Le thème du camping se rapproche des amérindiens et Tarzan, le boss, porte des plumes en guise de couvre-chef. Je discute un moment avec des campeurs autour du "bar", mais sens vite la fatigue se pointer. J'installe mon hamac entre un palmier et un arbre dont je ne connais pas le nom et tente de fermer les yeux, malgré la proximité de mes voisins de camping et malgré le bruit assourdissant du bar à côté -où seules trois personnes dansent. Quand la musique s'arrête enfin, un chien prend le relais pour gémir comme s'il souffrait à mort pendant de longues minutes, reprenant son souffle pour reprendre de plus belle sa berceuse. Ma patience était à bout. J'ai du dormir trois ou quatre petites heures. Courte nuit. Je repars le lendemain avec l'idée de quitter la ville pour aller dans un supposément petit village nommé Ölüdeniz.
C'est en début d'après-midi que j'arrive dans le village bordant la mer Egée. Après quelques problèmes de communications avec le chauffeur de dolmush et une recherche d'hôtel peu satisfaisante au vu des prix - adaptés aux européens, car c'est essentiellement un village de vacances pour British- je trouve un hostel sur la carte et décide d'y passer quelques nuits, histoire de me reposer. C'est pas une auberge incroyable, mais il y a du wifi et des douches - sales, mais avec de l'eau quand même. Le manager s'appelle Barrish, il est jeune et à défaut de nettoyer son auberge, passe la plupart de son temps à créer une bonne ambiance sur la terrasse de l'hostel.
Je rencontre très vite tous les voyageurs séjournant là et devient vite amie avec trois filles voyageant ensemble ; une australienne, et deux anglaises (dont l'une est à moitié hollandaise), s'appelant respectivement Abbey, Gemma et Amber. Une fille russe est aussi ici en voyage, tout comme d'autres australiens et des turcs en vacances. Tout le monde s'entend vite bien.
Je pars avec les filles anglophones à la plage pour l'après-midi, sur une plage bondée de British et avec tous les prix aux supermarchés affichés en pounds -rarement un bon signe en dehors du Royaume-Uni. Gemma et Abbey parlent un excellent français, ce qui nous permet de communiquer en toute discrétion au besoin. Autrement, nous parlons en anglais et je m'habitue gentiment à leur accents et vocabulaire, sliglthy different than the american one.
Je rentre facilement dans le groupe et suis ravie de passer du temps avec d'autres backpackeuses. Le soir, nous buvons quelques bières sur la terrasse avec les autres voyageurs, certains jouent au tavla - le backgammon turc-, d'autres jouent aux cartes.
Rendez-vous à 10h30 le lendemain pour aller à une plage moins bondée que celle de la veille et pour aller à certains points de vue apparemment très beaux. Nous avons une voiture et un scooter et nous sommes 9. Deux des gars montent sur le scooter et les sept d'entre nous restant prenons la voiture - à 5 places. Sacrée aventure. Imaginez le chauffeur à sa place et deux gars se partageant l'autre siège de devant, l'un avec la tête sortant par la fenêtre et 4 filles se partageant les sièges arrières avec une quatrième personne couchée sur elles. Turkish style. J'ai pas pu m'empêcher de penser à ma RC à ce moment-là et à toutes les fautes concomitantes commises. Notre chauffeur est Barrish, le manager et la voiture est celle des deux gars stambouliotes en vacances.
Nous nous posons sur une plage tranquille, les pieds dans l'eau chaude égéenne avec de grosses vagues face à nous. La dolce vità turque. Barrish nous montre les plus beaux points de vue de la région et nous pique-niquons au dessus de la Butterfly Valley. Magnifique.
Nous retournons à l'hostel pour chiller et nous remettre de cette dose de vitamine D et les gars s'en vont faire des courses pour la soirée : bières et barbecue en perspective. J'adore.
Des mezze sur toute la table et des nationalités toutes aussi diverses que les plats que l'on a sous les yeux, nous passons une soirée incroyable avec quelques bonnes doses de raki et de bières en jouant à des jeux de cartes et en discutant. Un groupe -dont je faisais évidemment partie- prolonge la soirée dans un bar pas loin. On y joue au billard - je suis ridiculement mauvaise à ce jeu- et une shisha traine pas loin. Discussions avec des locaux et voilà qu'il est 4h quand on rentre se coucher.
Lendemain difficile et yeux fatigués. Les British me convainquent de venir avec elles à Olympus - plus à l'Est sur la Côte. J'ai normalement encore une nuit à passer dans cet hostel, mais décide de les suivre quand même le jour même. Je fais un bon deal avec l'australien et lui "vends" ma nuit à un bon prix. Nous partons avec les filles, BCBG sur le dos. Nous devons prendre quatre bus différents avec des chauffeurs à chaque fois plus âgés et à chaque fois plus enclin à dépasser n'importe comment. Les paysages sont magnifiques. Nous passons la journée dans des minibus franchement shitty, mais on s'y fait bien. Nous arrivons finalement à Bayrams hostel, dans les arbres et proche de la mer. Nous croisons instantanément Henry et Conor - respectivement Scottish et British; les filles avaient fait la rencontre de Henry à Istanbul et celui-ci avait décidé de nous rejoindre avec son pote rencontré en route.
Après une bonne douche, nous les rejoignons pour boire des bières, discuter et faire des jeux de cartes et veillons jusqu'à 4h du matin malgré nos promesses du matin même de se coucher tôt. Réveil lent et journée de chill en rencontrant d'autres backpackers. Cet endroit est le paradis pour rencontrer des gens. Plage en perspective : la belle vie.
Quelle aventure ! Magnifiques ces bains ! Contente que tu aies rencontré des backpackers et que les journées et soirées soient festives. Profite bien, on t'embrasse fort