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Photo du rédacteurLouise Perriard

Passer son anniversaire sur une autre planète

Après notre après-midi à se cultiver au musée, Manon et moi nous dirigeons vers la station de bus pour y acheter nos billets de bus pour le dimanche matin. Il s’agit d’un trajet de bus de 21h reliant Santiago à Calama, tout au nord du Chili. Nous trouvons un gentil monsieur qui accepte sans problème que j’embarque mon vélo dans le bus, même si son logiciel n’a pas la possibilité de cocher « nationalité suisse ». Je serai désormais chilienne le temps d’un trajet. jugeant,


L’achat de billet est étonnamment très simple et nous avons ainsi le temps d’aller nous poser dans un café. Toutes deux épuisées, nous rentrons nous coucher tôt ce soir-là.


Le lendemain, je pars visiter le Musée de la mémoire et des droits humains, de Santiago. C’est un musée qui témoigne des crimes perpétrés par le régime de Pinochet.


Je me permets de vous faire un petit rappel de cette période de dictature militaire qui s’est déroulée entre le 11 septembre 1973 (date du coup d’état militaire) jusqu’au 11 mars 1990, suite au référendum de 1989. La dictature militaire d’Augusto Pinochet a donc duré 16 ans.


Dès 1970 Salvador Allende est au pouvoir (et démocratiquement élu), il est peu apprécié des Etats-Unis et de leur phobie du communisme. Les USA, n’ayant pas prévu son élection, mettent en place un plan pour empêcher qu'Allende prenne ses fonctions grâce au vote du Congrès, prévu pour le 24 octobre. Ce plan échoit.


Selon wiki, trois jours seulement après l'élection et devant le Conseil national de sécurité, le président américain Richard Nixon déclarait : « Notre principale préoccupation concernant le Chili, c'est le fait qu'Allende puisse consolider son pouvoir, et que le monde ait alors l'impression qu'il est en train de réussir. Nous ne devons pas laisser l'Amérique latine penser qu'elle peut prendre ce chemin sans en subir les conséquences ».

Les USA se mettent en tête de déstabiliser le pouvoir chilien. Déjà avant les élections, ils ont dépensé des sommes importantes pour financer les élections. L’argent du contribuable américain était désormais utilisé pour payer des camionneurs (mouvement de grève des camionneurs) qui aura pour effet de quasiment paralyser le pays. Les Etats-Unis craignent un nouveau Cuba et feront tout pour créer un climat propice à un coup d’état. Sans surprise, cela fonctionnera. La crise chilienne est dévastatrice.


Lors de cet « autre » 11 septembre, le palais du président est assiégé et Allende finit par se suicider dans la Monada bombardée. L’arme utilisée pour se suicider avait été offerte par Fidel Castro et portait cette inscription : « À mon bon ami Salvador, de la part de Fidel, qui essaye par des moyens différents d'atteindre les mêmes buts ».


Pinochet prend rapidement le pouvoir et dans les trois jours qui suivent, des centaines d’assassinats ont lieu, exécutés par les militaires. Les opposants de la gauche sont arrêtés. Le stade national sera utilisé comme camp de prisonniers. 40’000 personnes se sont faites prisonnières dans ce stade. La torture est institutionnalisée. Des camps de concentration sont organisés et renferment des milliers de personnes. Les tortures par électricité, rats, privation d’eau et de nourriture, viol, privation de sommeil sont fréquentes. Certains détenus étaient jetés dans la mer depuis des hélicoptères, après qu'on leur eut ouvert l'estomac au couteau (pour empêcher les corps de flotter).


Cette répression sanglante dure 16 ans. Les « disparitions » ne sont pas rares. Antonia Garcià Castro donne la définition suivante : « Est considéré comme disparu, l'individu qui, ayant été arrêté par des agents de l'État, est durablement détenu dans le secret, sans que cette arrestation soit reconnue par les autorités impliquées. Tué durant son emprisonnement, sa dépouille est cachée et son décès n'est pas notifié à ses proches ».

Le Musée de Santiago retrace cette histoire avec des témoignages de survivants de la torture, des lettres, des photos, des documents… Glaçant.


Le régime de Pinochet s’effondre finalement à la suite d’un référendum, s’ensuit une transition démocratique.





Après une matinée bien émotionnelle dans ce musée, je me balade dans les rues de Santiago pour finir au Mercado Central, un marché de poissons et fruits de mer. Manon m’y rejoins et alors que l’on se commande bière et vin, la serveuse nous offre un pisco sauer (à boire en shot selon ses recommandations). On quitte le Mercado plus joyeuses que prévu.







Hugo se sent mieux et je pars avec lui au grand centre commercial de Santiago avec pour mission de me trouver des gants chauds, remplacer mon filtre à eau, trouver un liner chaud et éventuellement un second matelas (pour plus de R-value, avis aux amateurs).


Je ne trouve que des gants et une polaire en plus à défaut de tout le reste. Je parcours en un temps record la ville pour chercher un liner dans un magasin qui ferme à 19h. J’arrive juste avant la fermeture mais la gentille caissière m’informe qu’ils n’en n’ont plus. Il est 19h, je pars le lendemain matin, un dimanche. Le dimanche, tout est fermé. J’abandonne l’idée du filtre, du liner, du matelas et me penche sur on autre problème : il me faut de quoi emballer mon vélo pour le lendemain ! Tout les magasins ferment et j’arrive à la dernière minute dans un grand magasin pour leur demander du carton. L’un des employés se met en tête de m’aider même s’il trouve ma requête super bizarre et peine à comprendre comme je veux emballer mon vélo avec des petits cartons. Il me désigne finalement le tas de carton sous la pluie devant le magasin et me dit que je peux me servir. Sous des regards légèrement jugeants, je me sers de carton que j’extirpe du tas ficelé. J’en trouve quelques-uns encore secs. Cela devra suffire.


Réveil à 7h30 pour emballer le vélo, nettoyer l’appartement, chercher du pain et commander un Uber qui veuille bien de mon vélo. Je gère mal Uber et commande une voiture normale. Pas de place pour mon vélo démonté. Je commence à paniquer ; mon bus part à 11h et je dois commander un nouveau taxi. Mon Uber XXL arrive finalement. Selon l’application, je devrais être à 10h56 à la station de bus. Clairement insuffisant pour choper le bus, heureusement pour moi, Hugo retient le bus et Manon vient m’aider à porter mon bordel. On court dans la station de bus, elle avec mes 10’000 sacoches, moi avec Alba et quelques sacs en plus. ça devait être assez comique à voir, beaucoup moins à faire. On arrive à bout au bus et voilà qu’on me demande 20’000 pesos pour le vélo. Encore un coup du chauffeur qui veut s’engraisser les poches. M’en fous complètement, je veux juste me poser dans le bus pour l’éternité. Les mecs du bus ont la flemme de s’occuper du vélo et c’est donc à moi de mettre Alba dans le bus. Ils ont aussi la flemme de bouger les sacs des passagers et me demandent de l’enfiler dans un espace minuscule. Hugo m’aide à faire l’impossible, mais à l’impossible nul n’est tenu. Les gars du bus finissent par bouger les sacs et Alba prend place dans la soute. Je me demande alors si elle n’est pas un peu blessée.


On s’installe les trois dans nos sièges luxueux et partons pour un long trajet passant par les bords de l’Océan Pacifique et dans le désert. Le 1er Mai au matin, nous arrivons à Calama. On se prend un taxi (qui réussit avec plus ou moins de délicatesse de mettre Alba dans le coffre) pour aller à l’aéroport où nous attend notre voiture de location. On a quatre heures d’avance et pas moyen de louer la voiture avant l’heure. Je remonte Alba pour me simplifier la vie avec les bagages. Panique : elle est toute malade ! ça me fait un peu déprimer…


On se pose dans l’unique café de l’aéroport et nous offrons café et muffin. J’ai même droit à souffler une bougie d’anniversaire ! Après maintes parties de jeu de cartes (des « cactus » ou « dutch », c’est selon), il est déjà l’heure de récupérer la voiture, mais pas avant qu’Hugo et Manon m’offrent un cadeau d’anniversaire incroyablement chou : un t-shirt chiné par Manon et brodé à la main, avec une petite carte <3.





Passer la matinée dans un aéroport n’était peut-être pas ma définition de matinée rêvée d’anniversaire, mais la suite relève bien vite le niveau ! Manon se met au volant et nous emmène à San Pedro de Atacama, une oasis au milieu du désert. En route, on s’arrête à un premier point de vue. On se croirait sur une autre planète, c’est dingue ! Ce paysage et la douce compagnie de Manon et Hugo me comble tout de suite.





Manon et hugo :)





On se trouve un camping à San Pedro de Atacama et on se fait des toasts avocat-tomate accompagné d’un vin rouge chilien ; si c’est pas une belle soirée d’anniversaire ça ? Mais ce n’est pas tout… on a une soirée sous les étoiles, avec un guide francophone, qui nous attend ! Vite, il est l’heure d’aller au rendez-vous…




Et le polarstep d'hugo et Manon pour suivre leurs prochaines aventures en Bolivie et au Pérou : https://www.polarsteps.com/AmeriqueLaTeam/5952162-amerique-la-team


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1 Comment


Très intéressante leçon d'histoire, merci !

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