Et voilà qu'une nouvelle semaine est passée. Je suis toujours à Erevan, en attente de mon visa pour l'Iran.
Henry s'est vite rétabli (selon lui c'est la bière qui l'a remis sur pied). Nous avons pris un appartement pour quelques jours, histoire de se reposer vraiment, car les auberges de jeunesses, c'est aussi les ronflements, les gens qui font leurs sacs à n'importe quelle heure de la nuit, les gens qui allument lampes de chevet, lampes de poches et lampes tout court à 3h du mat, et j'en passe. Bref, on se réjouissait d'être au calme.
L'appart s'est avéré être...rustique. Le type qui nous donnait les clés était accompagné de son père qui devait avoir bien 80 ans. Ils venaient de refaire la peinture, on avait donc droit aux effluves parfumées du ravalement, mmmh. Ils nous parlaient en Russe, avec quelques mots d'anglais parfois. C'était à Henry qu'ils expliquaient comment fonctionne le boiler et comment ouvrir et fermer la porte qui coinçait un peu (beaucoup), en effet, étant une femme, je n'avais pas droit à ce que l'on m'adresse la parole. Ils ont serré la main de Henry et sont partis. J'adore le patriarcat.
Nous voulions cuisiner le soir. Mauvaise surprise, la cuisine n'avait aucune casseroles ou poêles...pratique pour cuisiner. Seuls des assiettes, des services, des tasses et un verre étaient à notre disposition pour cuisiner. Nous avons fini par écrire à notre hôte qui nous a envoyé son père nous apporter très gentiment une poêle. Côté salle de bain, la douche avait de l'eau soit brulante, soit glaciale et côté lit, le matelas était recouvert de plastique. Belle réussite cet appart. Ah oui et, il n'y avait pas de wifi non plus. Tout cela nous a donc poussé à passer nos journées à l'extérieur, se poser dans des bars pour lire et écrire, marcher dans la ville, boire des verres.
Nous avons donc été pas mal paresseux et avons passés plusieurs journées à lire et chiller. J'ai d'ailleurs fini depuis un moment mon Bouvier et l'ai laissé à l'une des auberges visitées, avec un petit pincement au cœur. C'est désormais Dostoïevski qui m'accompagne et qui est déjà bien entamé, car Erevan ne prend pas deux semaines à se visiter...
Après cette joyeuse expérience de Rbnb, on décide de tester une nouvelle auberge : l'envoy hostel.
En quittant l'appartement, le vieil homme me tend un paquet cadeau dans lequel était emballé une décoration murale. Je suis complètement prise de court par ce cadeau très inattendu. Je le remercie vivement, sachant toutefois que je devrai m'en séparer avant l'Iran, ne pouvant me permettre d'ajouter ce poids à mon sac à dos.
Direct en arrivant dans notre nouvelle auberge, je sens que cet endroit va me plaire. Il y a une très grande salle commune, des jeux, une VRAIE cuisine et aussi...des gens super sympas. Nous rencontrons des cyclistes belges, un américain, un londonien argentin (mais avec l'accent British), un indien, un Suisse de Zürich (!!!!) et des russes. Les discussions vont bon train, les cyclistes me font envie, j'ai une nouvelle petite idée en tête : faire du vélo en Amérique du Sud l'année prochaine. Enfin...on verra. Je réalise que nombre d'entre eux vont ensuite, soit en Asie du sud-est, soit en Iran et suis ravie de me dire que je pourrais revoir certains !
Alors que Henry rattrapait les visites culturelles que j'avais faites pendant qu'il était malade, il ne me restait plus grand chose d'autre qu'un musée à faire dans la ville : le Matenadran. Ce musée regorge de manuscrits et en compte plus de 17 000 ainsi qu'environ 300 000 documents d'archives. Bon, je vous avoue que sur le principe c'était pas le musée qui m'attirait le plus, mais tous les sites de tourisme en parlaient comme un joyau de la capitale et puis, j'avais du temps à perdre aussi.
Il y avait en effet de très nombreux manuscrits ornementés, d'autres en français, latin ou arabes...mais écrit avec l'alphabet arménien !
Certes, la collection est très impressionnante, mais il faut aussi avouer qu'il n'y a aucune informations pour expliquer au visiteur à quel point ce qu'il a devant les yeux est précieux. J'étais donc un peu perplexe en réalisant que le dernier panneau explicatif était aussi le premier. Me retrouvant dans une petite salle, je vois une jeune femme qui semble travailler pour le musée à un bureau, et je lui demande si elle peut m'en dire plus sur l'exposition. Elle est en fait française et vient de commencer son stage de trois semaines au musée. Elle est en master en histoire et archéologie, mais s'est retrouvée à faire...de la muséographie au Matenadran ! Elle semble hyper déçue parce qu'elle n'a en fait rien d'autre à faire qu'un rapport sur la muséographie de l'exposition. Elle en profite pour me demander ce que je pense de l'agencement de l'expo et je lui explique que...on comprend rien si on est pas spécialistes en manuscrits. Maud semble d'accord avec moi, et m'explique ce qu'elle sait sur l'exposition. On finit par parler voyage et on s'échange nos numéros.
Je continue "The double" de Dosto (ouais, je suis tellement proche de Fyodor que je l'appelle Dosto), dans la salle commune, par à coups, entre deux discussions sur les pires anecdotes de voyage en auberge et les histoires de vélo de Henry le cycliste belge qui a aussi voyagé en Afrique.
Et puis arrive la dernière soirée de Henry en Arménie. Il a un vol pour Hanoï le lendemain. On retourne dans l'un des restos que l'on a découvert en arrivant, puis allons boire un dernier verre de rouge. Slainthe mhath.
Réveil à 7h, il faut faire nos adieux. On est triste, mais peut-être qu'on se retrouvera en Asie du Sud-Est...
Ça fait bizarre de se retrouver seule après 1 mois de voyage en duo. J'ai toujours pas mon visa, mais devrais pouvoir partir avant le 12 septembre, enfin.
Dans l'après-midi, j'explose l'américain aux échecs (bon, j'exagère, deux victoires sur trois) et m'en vais ensuite découvrir le cinéma arménien, en arménien bien-entendu, sous-titré anglais. Très chouette film.
Mais tellement bien !!! Toi au moins tu risques pas de perdre ta valise ! lol
Les manuscrits ont l'air passionnant, à deux doigts d'apprendre l'arménien
Tu me fais tellement marrer, Louise!