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Photo du rédacteurLouise Perriard

Quitter Shiraz pour attérir à Bangkok

Dernier réveil en Perse. Je file à l’hôtel de Rogger qui est aussi à Shiraz. Ensemble, on prend un taxi pour l’aéroport. On se met d’accord sur un prix avec le chauffeur, mais il semble changer d’avis en route. Il ne parle quasi pas anglais. Rogger et moi commençons à nous énerver ; on ne payera pas plus que ce qu’on s’était mis d’accord de payer.


Il nous pose des questions, on répond oui à tout, saoulés. “Brothers and sisters ?” - yes.


Il accélère alors qu’il allait déjà trop vite. Tout à coup, il décide de dépasser deux voitures : l’une par la gauche, l’autre par la droite, en même temps. Il se faufile entre les deux voitures, c’est trop serré. On va taper, c’est sur. On lui crie de freiner, mais il ne s’arrête pas. La voiture de droite lui fait finalement de la place, c’est passé.


Je suis en fureur. Il joue avec notre vie, juste pour jouer avec nos nerfs. Il nous dépose enfin à l’aéroport, nous lui payons ce qui était convenu.


Il nous demande de nous prendre en photo. Pour la première fois de ce voyage, je réponds non. En écho, Rogger répond la même chose. Il nous a trop fatigués.


L'émigration se passe bien et nous voilà dans l’avion pour Sharjah. J’enlève mon voile dans l’avion, c’est la fin d’une grande et belle aventure.


C'est la première fois que je prends l'avion de tout ce voyage. Je suis fière d'avoir rejoint l'Iran depuis Neuchâtel sans prendre l'avion. Je suis un peu triste de de voir prendre l'avion pour l'Asie du Sud-Est, mais je n'ai pas la force nécessaire pour aller au Pakistan maintenant ; j'ai besoin de facilité pour ma prochaine destination.


A Sharjah, je quitte Rogger après avoir mangé avec lui dans la zone de transferts. Je pars ensuite pour Mascate. Dans l’avion, la nostalgie de l’Iran me frappe de plein fouet. Ma liberté me rappelle que d’autres ne l’ont pas ; moi, j’ai pu quitter l’Iran. J’ai les yeux embués en regardant le coucher de soleil depuis ma lucarne. Je n’oublierai jamais la force et le courage des iraniennes et des iraniens.


J’arrive finalement à Mascate. Comme mon vol est dans 30 heures, je ne peux pas encore avoir de boarding pass. Je rentre dans le pays après avoir fait la discussion au type de l’immigration, qui visiblement s’ennuyait et je tente de trouver un hôtel pas loin et pas cher. Plus facile à dire qu’à faire. Tout est clairement hors budget. Je suis trop fatiguée pour partir à l'aventure et essayer sur place et je me mets gentiment comme idée dans la tête de passer ces trente heures à l’aéroport. Je discute avec les gars de l’information. On m’offre un café omanien et je réalise qu’il est bien dommage que je ne visite pas ce pays, car leur hospitalité semble promettre des merveilles.


L’un d’eux me dit qu’il a un contact avec ma compagnie aérienne, que peut-être que je pourrais rentrer dans l’aéroport sans attendre les 6h qu’il me reste pour obtenir un boarding pass. Chose promise, chose due, le chef de IndiaGo (compagnie aérienne) me fait coupe-file, et après avoir vérifié mes certificats de vaccination, essaie de me trouver une place sur le vol du soir ! Malheureusement, ce n’est pas possible, mais il me fait rentrer dans l’aéroport et me promet que si un passager se désiste, je suis la première sur la liste ; je n’ai qu’à attendre dans la zone de départ de l’avion.


Passé 23:55, je n’ai plus d’espoir, l’avion a décollé. J’ai donc encore 24h à attendre dans cet aéroport. Ici, je peux payer avec ma carte de crédit ; c’est un gros changement après l’Iran…


Un aéroport, c’est fascinant. Je ne m’ennuie pas pendant les vingt premières heures. Je rencontre une famille d’indiennes musulmanes qui sont en voyage pour aller à la Mecque. On discute un moment, elles sont adorables.


Quand leur avion part, je me trouve un canapé-lit super confortable pour dormir.


Il y a pleins de choses à faire dans un aéroport : j’observe les gens, je lis, je bois un café, je regarde un film, je bois un café, j’écris le blog, j’appelle des potes…et je rencontre des gens, dont une neuchâteloise de Colombier qui voyage avec sa famille !


A 21h par contre, j’en ai marre et m’impatiente. Je me pose des questions inutiles. Saviez-vous que le premier avion à moteur date de 1903 ?


Finalement, j’embarque après avoir rencontré un indien venant de Mumbai qui voulait absolument m’organiser mes prochaines vacances. J’arrive à Mumbai, après un vol qui nous a fait subir pas mal de turbulences (tout comme j’ai du subir mon voisin de trajet) et je déguste un plat indien. Je dois me moucher un bon moment ; nouvelle cuisine, nouvelles habitudes.


Un dernier avion et me voilà arrivée à Bangkok. J’ai toujours l’impression que je n’ai pas assez de tissus sur la tête et je suis scotchée de voir le nombre de touristes dans cet aéroport.


Je suis épuisée, il me manque deux nuits de sommeil.


Je trouve un bus qui m’emmène pour quelques centimes au centre-ville, pendant que tous les touristes font la queue pour des taxis hors de prix. Arrivée à mon auberge, je rencontre une allemande et une néerlandaise qui me proposent de souper avec elles. C’est parti, on trouve un super restaurant de street food et je déguste mon plat avec délice (sans viande bien sûr, comme tout ce que je mange depuis que j’ai quitté le sol iranien). On me pose tout de suite beaucoup de questions sur l’Iran, mais je suis trop fatiguée pour prendre le temps d’y répondre ; les gens ne savent pas même ce qu’il s’y passe. Me voilà parmi les backpackers capitalistes - come j’ai décidé de les appeler - faisant du white travelling - come j’ai décidé de l’appeler. Et me voilà à devoir accepter que je fais peut-être un peu du white travelling aussi, mais ça, c’est plus compliqué.


Intermède vocabulaire :


- White travelling : occidental ayant besoin de se ressourcer (“je dois me retrouver tu comprends”) pour bon marché, qui se retrouve en Thaïlande pour y faire la fête, fumer de la weed (c’est légal depuis trois mois ici) et manger des pad Thais. Le white traveller se réjouit de ses massages pas cher, avec ou sans “happy ending”.


- Backpacker capitaliste : white traveller qui choisir ses destinations selon le coût de la vie, le nombre de touristes s’y trouvant (plus il y en a, mieux c’est) et selon le coût de l’alcool en général. Si on y fait la fête, c’est une bonne destination pour le backpacker capitaliste.





Je me réveille le lendemain à 6h du matin, je fais quelques recherches sur la capitale thaïlandaise - car avec mes problèmes de VPN et d’internet, je n’ai rien pu chercher en Iran - et je décide d’aller visiter le grand palais. Je m’y pointe à l’ouverture, ce qui fait qu’il y a peu de touristes ainsi que quelques thaïs qui déposent des offrandes. Je visite ensuite un temple pas loin et prends un bateau au hasard pour traverser le Khlong (canal). Celui-ci m'ammène dans un quartier loin d'être touristique et je m'aventure parmi les marchands à la recherche de quelque chose à manger.
















Je suis encore sous le choc culturel. La ville est bruyante et très odorante. Les bazaars colorés me manquent soudainement. Le vert de la ville fait du bien à mes yeux, mais je besoin de dormir.


Je me trouve une gaufre puis rentre faire une petite sieste à l'auberge (spoiler alerte, cette petite sieste c'est transformée en très longue et je me suis réveillée en début de soirée complètement à l'ouest : bonjour le décalage horaire).


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