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Photo du rédacteurLouise Perriard

Torres del Paine : au soleil, sous la pluie...

(Jour 5 : 12km + 30km en camion-stop)

Jour 6 : repos

Jour 7 : 51 km (MAGNIFIQUE)

Jour 8 : 25 km + 10 km en van (VENT et SOLEIL🌞)

Jour 9 : balladounette de 40’ et 20km de vélo + 5 km en bus

Jour 10 : marche (4h50)





Départ dans le froid glacial du matin. Le vent n’est pas encore trop fort, mais je suis fatiguée de ces derniers jours. Après quelques kilomètres, je me rends compte que ma roue avant est dégonflée. Chambre à air crevée ? Pour ne pas rouler sur une chambre à air percée, je me mets à la tâche, enlève la roue, le pneu, la chambre à air. Je la gonfle pour déceler le trou. Rien. C’était juste un pneu dégonflé, voilà tout. Je remets le tout, mais voilà que l’adaptateur de la pompe ne rentre pas sur la valve. Il semble ripé. Je mets une heure à galérer puis réussis à gonfler le pneu avec ma vieille pompe nulle. Je repars avec le moral à zéro et un vent de face qui a eu le temps de se lever. Je me pousse à avancer car les montagnes se dégagent devant moi et c’est une jolie motivation. Il est déjà temps de s’arrêter manger. Je ne trouve rien pour me protéger du vent. Un arrêt de bus ? Oui mais il y a du verre partout… je me mets quand même à côté pour être protégée par l’un des côtés du tout petit arrêt de bus. Je mets de l’eau à bouillir pour y cuire mes pâtes. Après 15’, toujours rien… la flamme diminue. Plus rien. Je tente de rallumer la bonbonne de gaz, mais ça ne marche pas. Décidément c’est ma journée. Je crois à tort n’avoir plus de gaz, mais le problème est surtout que la bonbonne n’est pas bien adaptée à mon réchaud. Je mange mes pâtes mi-cuites avec du thon et un œuf cru dessus pour les protéines. Ça vend pas du rêve ? Me présentez pas au guide Michelin. Oui, c’était pas bon. Oui, ça m’a nourrie. Oui j’ai eu mal au ventre après.


Je continue malgré le vent et la motivation allant en descendant. Changer les vitesses. Vérifier que l’on est sur le petit plateau et la plus petite vitesse. Se désespérer de l’être.


Comme d’habitude, certaines voitures me klaxonnent pour m’encourager, quelques camions aussi et on se salue avec les motards. D’autres camions me klaxonnent pour que je dégage de la route (on les reconnaît facilement, ils lâchent juste jamais le klaxon). Je tiens bon et les force à attendre que les voitures d’en face passent pour me dépasser. Non, mais je rêve. Le type est bien au chaud dans son gros camion, avec son petit coca à la main et probablement de la bouffe à côté. Il reçoit pas de vent dans la gueule et à son petit chauffage personnel. Sa vitesse de croisière est de nonante kilomètres heures et ça serait à moi de me mettre sur le côté pour que Monsieur passe ? Je l'ai fait une fois par peur, je ne le referai plus.


A 30km de Puerto Natales, j’en peux plus. Je lève le pouce pour voir si ça fonctionne. On ne sait jamais. Après trois minutes, un camion transportant une benne vide s’arrête, mais un camion cool ! Les deux chauffeurs m’aident à mettre Edouard derrière et je m’installe à l’avant entre les deux camionneurs. Ils ne sont pas très bavards et ne semblent pas bien comprendre ce que je fous là avec mon vélo (spoiler alert, à ce moment-là, moi non plus), mais ils sont très sympas. Ils m’amènent à bon port (littéralement au bord de l’océan) et me souhaitent buon viaje. Merci les gars, vraiment.






Il me reste 2km à parcourir jusqu’au camping(Güino) dans lequel je passerai deux nuits. La perspective de ne rien faire le lendemain m’enchante. Je suis épuisée.



En arrivant, le premier truc que je fais c’est d’aller manger un sandwich (énorme) et une limonade dans un bistrot. Je revis.


Je me pose au camping, retrouve ma vieille motarde allemande qui est parfois un peu too much mais globalement sympa. Je ne peux pas me doucher avant 18h à cause des stricts horaires d’eau chaude mais j’installe ma tente, fais des courses et me renseigne sur l’étape suivante : le parc national de Torres del Paine. Malgré les cinq premiers jours très durs sur le moral et de grosses hésitations quant à continuer de faire du vélo dans les vents patagons, je souhaite continuer à vélo jusqu’au parc. Ça sera un bon test du mental et du physique car : la vue sera de la partie pour la motivation, mais par contre : vent de face et ripio sur une bonne partie du trajet et dans le parc. Ça me permettra de voir s’il est envisageable de faire la Carretera Austral plus tard avec un vélo de route.


Tous les cyclistes rencontrés jusqu’à présent le disent : mais oui tranquille avec un vélo de route, puis, posent quand même la question : c’est du combien tes roues ?

- du 28”

- AH ! Oui, quand même, c’est vachement fin. *pause* Mais c’est vraiment fin même !


Un vélo de route quoi !


Le soir, je me prends une bière et profite du wifi du camping. Au matin, c’est dimanche, anniversaire de maman !! Comme c’est jour du seigneur, tous les magasins sont fermés malgré que j’ai besoin d’une nouvelle polaire, ayant perdu la mienne en route, d’un adaptateur de pompe à vélo, et de recharger ma carte SIM chilienne. Je tente quand même de trouver le magasin de vélo marqué ouvert sur google maps mais arrive devant un bâtiment bien sûr fermé. Tant pis, je me reposerai donc aujourd’hui. Apéro FaceTime avec la famille qui fête maman et qui me fait trop plaisir puis je pars me faire à manger. En cuisinant, je rencontre un couple de français, Hugo et Manon qui voyage depuis un bout de temps entre le Chili et l’Argentine pour y randonner. On passe une chouette soirée et Hugo nous fait même ses crêpes, une tuerie ! Probablement les meilleures crêpes que j’aie mangées de ma vie (et il est pas breton). Ils me redonnent de la motivation et le lendemain je suis en forme pour repartir à vélo. Je dois d’abord acheter une nouvelle polaire. Fait, et elle est suuuuuper douce (par contre je peux pas mettre mon k-way dessus). Puis recharge de ma carte SIM à la pharmacie (si, si) et direction le magasin de vélo qui n’a pas d’autre adaptateur mais qui tourne tout simplement l’embout de la pompe pour révéler un embout à valves françaises ! Miracle.




Il est déjà midi et je me mets seulement en route. Le vent est à son apogée et être en bord de mer ne m’aide pas à m’en protéger. Je roule tout de même pas trop mal et après une petite pauses biscottes, me retrouve sur une route plus tranquille et - m’a-t-on dit- panoramique (mais avec pleins de bouts de ripio ! ). Je découvre que mes règles commencent et abandonne toute entreprise en voyant la pampa à côté de moi, sans arbres. Ça Monte pas mal jusqu’à arriver à un lieu touristique : les grottes du Milodon. Je fais un tour dans la grotte et me pause un moment. Je profite aussi des toilettes et de l’eau.













Je repars ensuite pour découvrir mon premier ripio. C’est assez challenge avec Édouard mais je survis. J’ai dû pousser le vélo deux ou trois fois, m’enfin tout va bien.


Ripio !

Je croise la motarde allemande en route qui veut porter mes sacs. Mais comme je sais pas jusqu’où je vais réussir à aller, je refuse. Elle s’en va tandis que je continue à coups de petites pédalées. Je suis à 20km d’un spot apparemment splendide. Je me pousse jusque là bas et réussis a y arriver juste avant la pluie. J’ai tout donné pour ce dernier bout et j’aurais eu de la peine à y croire vingt kilomètres plus tôt si on m’avait dit que je dormirais là-bas. Mais ça en valait tellement la peine ! Une belle cascade trônait cachée de la route par une fine forêt d’arbres et des kilomètres d'endroits parfait pour planter sa tente ! C’était un des plus beaux spots de camping que j’aie vu et surtout, le soir, j’ai eu droit à un ciel étoilé de FOLIE.



Caracara huppé















Je rencontre deux cyclistes qui vont dans l’autre sens, comme tant d’autres avant (personne n'est assez stupide pour partir avec du vent de face sur tout la Patagonie). Ils me donnent quelques conseils pour le parc.






Le lendemain, je me laisse dormir car il pleut et je pars qu’en début d’après-midi, alors que le soleil est pour la première fois de sortie et pour de vrai. C’est vrai ce qu’on dit, on peut avoir les quatre saison en une journée. Me voilà donc partie en shorts et t-Shirt et toute crémée de crème solaire. Je n’ai „que“ 35 km à faire jusqu’au parc mais je n’avais pas anticipé le VENT. Le début de la journée est incroyable et le soleil me rend tellement heureuse ! J’ai une vue magnifique sur les montagnes et m’arrête souvent pour prendre des photos. Mais voilà que le vent se lève, et sur le ripio, ça rend le tout pas mal dangereux. Je dois pousser sur les montées de ripio et voilà que j’arrive à un point de vue extrêmement venteux. Je marche à côté du vélo mais manque de tomber face à la force d’une bourrasque. Je pose Édouard contre un bloc de béton mais le vent l’emporte au sol dans un énorme fracas. Je crois le porte bagage cassé. Je réussis à le réparer, en l’espaçant de la roue en forçant un peu. Les sacoches se sont enlevées et, à cause du vent, je galère bien cinq minutes à réussir à les remettre sans tomber. Je repars dès que c’est réglé et en marchant à la descente, sur du béton, à côté de mon vélo. Quelle plaie.


Je marche un bon bout puis retrouve le ripio. Le vent m’aurait permise de rouler mais la pente est telle que je n’essaie même pas. Je marche, marche et marche tout en poussant mon vélo chargé. C’est une sacrée montée et des motards me dépassent en me disant « vamos » !








En arrivant péniblement en haut, l’équipe de motards qui s’est arrêtée pour profiter de la vue m’applaudis. Ça fait chaud au cœur. L’un d’eux est leur guide et me dit qu’une camionnette les suit et que je pourrais sans autre mettre le vélo dedans pour les dix kilomètres restant jusqu’au parc. J’accélère après hésitation, mais le vent est si fort que je ne peux plus monter sur mon vélo. Le type qui conduit la camionnette est trop sympa. Le premier truc qu’il fait : me tendre une bouteille d’eau ! Merci à lui. Il parle bien anglais et on discute jusqu’à un camping à l’entrée du parc devant lequel il me pose, alors que ça n’est pas son chemin ! Il m'offre une bière et repart. Quel homme.


Je suis donc à un camping. Reste à en connaître le prix. 20’000 pesos ! C’est d’la folie ! Ça fait 23 .- CHF. J’explique en espagnol au mec de la réception que je vais trouver ailleurs un endroit où planter ma tente, car c’est hors budget (surtout pour un CAMPING). Il m’offre un prix pour deux nuits, mais je veux entrer dans le parc le lendemain et refuse tout en le remerciant. Apparemment il m’aimait bien puisqu’il m’a finalement laissée rester au camping sans rien payer ! (Mais promettant de ne rien dire à personne 🤫).


Je profite d’un joli coucher de soleil et de ma bière.






Photo du ciel, sauf que j'ai oublié d'éteindre ma lampe frontale rouge

A part de sales piqûres de moustiques contre lesquelles mon corps a salement réagi, je passe une excellente nuit après une bonne douche chaude et l’assurance d’avoir mes batteries (portables) rechargées.






Le lendemain, je repars juste avant la pluie pour entrer dans le parc. Je paye mes douloureux 35 dollars et pédale à l’intérieur sous une pluie de plus en plus battante. Le ripio me semble d’abord pas si dur, puis tout se complique. Je dois souvent porter le vélo et la pluie se déchaîne. Je suis trempée de la tête au dernier doigts de pied. Je commence à avoir froid. Mais le fait d’être dans le parc et dans cette ambiance de brouillard faisant encore plus ressortir l’eau bleu clair du lac rend l’expérience assez épique. J’arrive enfin au camping Pehoe (terriblement cher aussi, cette fois j’ai payé) et après une douche éternelle, je me suis dirigée vers le « restaurant » pour y manger une pizza surgelée et trop chère mais bien méritée. Je retrouve (encore !) la motarde allemande qui n’avance décidément pas bien vite et essaie d’échapper à une longue discussion étant vraiment fatiguée. La pluie bat toujours et la fameuse vue exceptionnelle du camping n’est pas au rendez-vous. Je monte ma tente et y fais une sieste qui fait du bien. Je chill ensuite jusqu’au soir et me couche tôt après avoir fait la pire expérience culinaire de camping ever : des crêpes. Nouvel apprentissage, faire des crêpes dans une casserole est fondamentalement impossible : ou bien ça brûle ou bien ça ne cuit pas. Je ne retenterai pas. Un américain à côté me donne son réchaud en échange du mien qui péclote (car il n’est pas de la bonne taille pour mon réchaud, encore une fois). Thanks man !


















Les prévisions pour toute la semaine sont immondes. Je profite d’une fenêtre de beau temps pour monter en haut du mirador Condor. Une supposée « marche » de 45’ faite en vingt avec un vent à décorner des bœufs en haut. Je tombe à cause du vent et essaie de ne pas m’envoler en me tenant aux rochers. En haut, une vue incroyable sur tout le parc et quelques condors (je crois). C’est juste WAOUW.






























Je redescends et me motive à aller à l’autre bout du parc, à 25 km d’ici, pour atteindre un autre camping plus fréquenté qui est à la base DU trek du parc. Je me mets en route et… quelle aventure. Les deux premières heures sont chouettes malgré les difficultés d’un ripio degueulasse. J’ai une belle vue, la pluie est soit absente soit très fine. Mais après… je commence à fatiguer. Je n’avance pas. C’est seulement après quatre (vous avez bien lu, quatre) heures que je franchis la barre de ces vingt douloureux kilomètres.







J’arrive au bout de ma vie au Welcome Center du parc et demande si un bus monte les 5 derniers kilomètres jusqu’au camping, n’en pouvant vraiment plus. On me dit qu’il faut attendre une heure trente mais que ça serait éventuellement possible si je demande au chauffeur. Je m’en fous d’attendre, ça me fait une bonne pause très attendue. Je rencontre un ranger qui discute avec une danoise. Elle est cycliste mais à laisse son vélo à Puerto Natales ! Bien sûr, elle va direction Ushuaia. Elle me donne des conseils et on parle vélo avec le ranger qui s’intéresse à fond à nos voyages. A 19h, le bus arrive et je dis au revoir à mes deux nouveaux potes. Le chauffeur de bus accepte de prendre mon vélo à condition de payer un supplément. C’est comme ça que ça fonctionne dans ce parc… j’accepte et le très gentil chauffeur m’aide à mettre Édouard dans la soute. J’arrive au camping avec mon vélo qui fait tache au milieu des énormes sacs à dos des randonneurs. La dame de l’accueil me fait instantanément un rabais si je paye en cash. Je dois « que » payer 20k pesos au lieu de 25k. Ce camping n’a que de l’eau chaude à m’offrir et voilà qu’il me coûte 23.-. Vivement l’Argentine. Je demande la météo des jour suivants et apprends qu’une petite fenêtre de soleil est annoncée le lendemain entre 11h et 13h. Sinon, il pleut jusqu’au dimanche…


Moi qui voulait me reposer, je me motive à faire la « grosse marche » connue le lendemain. Je voulais y aller pour le lever du soleil, mais le risque de ne rien voir a cause de la pluie m’incite à partir à 7h30. Il s’agit d’une marche qui permet d’accéder à la base (ou presque..) des fameuses tours du parc. C’est une marche de huit heures aller-retour. Je mets mon réveil à 6h15 et vais souper sous la tente commune, des pâtes et une bière pour récompenser les efforts de la journée. Je rencontre plusieurs françaises et un allemand. Elles ont fait la marche le jour même et sont éreintées. C’est super dur me dit l’une d’elle (mais elle n’a pas l’habitude de marcher). L’allemand a super peur que ça glisse et se pose pleins de questions. Ça a pas l’air d’être de la rigolade mais j’ai vraiment l’impression que c’est pas si compliqué comme marche.


Le lendemain matin, lever de soleil très beau sous la pluie et deux arc-en-ciel pour me faire bien ouvrir les yeux. Je prends mon petit-déjeuner et vois d’autres gens se préparer : gros sac à dos etc. Je me demande si je fais pas une bêtise d’y aller en mode touriste, sans même avoir à manger avec.





Ah et si je pars à cette heure là, c’est pour éviter la MASSE de touristes qui arrivent en car vers 8h-8h30 pour faire la randonnée. Je me mets donc en route à 7h30 et pars d’un excellent rythme qui me permet de dépasser pas mal de monde. J’ai ensuite le chemin juste pour moi ! Je ne rencontre vraiment pas grand monde sur la montée et arrive au sommet en seulement 2h40 au lieu des 3h30/4h attendue. J’avais un vraiment bon rythme et suis toute contente de voir l’heure. La vue est exceptionnelle et la pluie s’arrête juste pour me laisser voir le sommet des tours. Je redescends après avoir fait les photos classiques et arrive en seulement 2h10 en bas. Sur la descente, je croise des files et des files de touristes et me félicite d’être partie plus tôt. Le soleil refait son apparition sur la fin de la marche pour bien conclure le tout. Vraiment une chouette rando, surtout quand y’a pas de monde sur la montée ! J'apprendrai plus tard que ceux qui sont arrivés après moi n'auront pas eu de vue du tout...et de la neige !



















Je peux donc manger mes pâtes au camping et me fais, comme d’hab, une double portion. Une petite douche et c’est l’heure de la sieste alors qu’il pleut.


Le lendemain, il pleuvra alors que je repartirai. Je me prépare mentalement, ça va être dur.


La nuit est fraiche (2°C) et le vent secoue la tente. Je ne dors donc pas très bien. Je me dépêche de partir avant la pluie et descends les 5km de ripio parcourus en bus, sans trop de peine. J'arrive au Welcome center et retrouve mon trop bon pote ranger, Esteban. On papote un moment et il finit par me souhaiter buon viaje.




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3 commentaires


Josias Heubi
Josias Heubi
07 mars 2023

Wouaah c'est vraiment "Épique" le mot qui décrit ses étapes :0

Personne n'est assez courageuse pour faire du sud au nord (et pas stupide), on dira ça pour la légende ;)

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Dur dur! Mais ces paysages sont splendides! quelles photos! Elles vendent du rêve mais ton texte beaucoup moins!

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Louise Perriard
Louise Perriard
26 févr. 2023
En réponse à

Ca fait encore plus apprécier les paysages !! Mais vivement le Nord…

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